21.02.04
- Un séminaire européen sur l'antisémitisme.
La Commission européenne, la Conférence des rabbins européens et
le Congrès Juif Européen ont organisé, à
Bruxelles, un colloque sur l'antisémitisme en Europe auquel assistaient
plus de 700 personnes.
Dès l'ouverture de ce colloque, le jeudi 19 février, Cobi
Benatoff, président du Congrès juif européen, a salué les initiatives
françaises et italiennes de créer des comités interministériels afin
de lutter contre l'antisémitisme. Son organisation demande la même chose
au niveau européen car, comme tous les participants l'ont redit, l'Europe
qui a connu les formes les plus virulentes d'antisémitisme doit aussi
participer à l'éradication de ce " cancer ".
Il a ainsi soumis les demandes de son organisation parmi lesquelles
la création d'un comité de surveillance entre représentants de la Commission
et le Congrès juif mondial, et la convocation d'une conférence au niveau
des ministres de l'intérieur et de l'éducation. Face à ces demandes
d'action, Romano Prodi, le président de la Commission européenne a énuméré
les initiatives qui ont déjà ou vont être prises. Il a ainsi mentionné
une initiative pour rendre partout le racisme et la xénophobie passibles
de sanctions pénales, améliorer la coopération juridique et ériger les
actes antisémites en délits tombant sous le coup de la loi.
Cette initiative se trouve aujourd'hui devant le Conseil des ministres
de l'Union européenne pour adoption. Il a condamné les manifestations
d'antisémitisme en Europe, tout en appelant à garder "les faits en perspective"
: "L'Europe d'aujourd'hui n'est pas celle des années 30 et 40. Prétendre
le contraire serait énoncer une contre-vérité". Et d'ajouter : " En
Europe, nous observons que ce conflit nourrit les frustrations sociales
des nouvelles minorités issues de l'immigration."
Elie Wiesel, prix Nobel de la Paix, a fustigé ce nouvel antisémitisme
politique, lié à la question d'Israël. Pour l'ancien président
de la Knesset, Avraham Burg, " L'antisémitisme n'est qu'un détail dans
le tableau beaucoup plus vaste de la haine. Joschka Fischer, ministre
allemand des affaires étrangères, a lui aussi dénoncé la haine, et rappelé
que toutes les communautés doivent être défendues : " L'antisémitisme
comme le racisme doivent être combattus sur le continent européen. "
En fin d'après-midi, le cardinal Barbarin, archevêque de
Lyon, a pris également la parole pour rappeler la pensée
de l'Eglise catholique en ce domaine.
Le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a appelé au lancement
d'un "dialogue judéo-musulman" en France et en Europe. Un tel dialogue
est "encore inexistant, il faut bien le reconnaître."..."Les trois religions
abrahamiques" (chrétienne, musulmane et juive) doivent aussi assumer
"pleinement leurs fonctions d'apaisement des tensions" communautaires.
"L'Europe se doit de réagir contre l'antisémitisme, la judéophobie,
l'islamophobie et favoriser le dialogue dans la diversité des religions",
a insisté le recteur.
Dalil Boubakeur s'est inquiété des conséquences de la "judéophobie"
en Europe, à laquelle "correspond également une islamophobie croissante".
"Les deux communautés religieuses risquent de se réfugier dans un repli
identitaire frileux, méfiant, inquiet ou agressif", a-t-il averti. "L'Islam
n'est pas antisémite. Il n'est pas antisémite dans sa doctrine. Les
actes antisémites ne répondent pas à l'enseignement islamique", a encore
estimé M. Boubakeur. "Aujourd'hui, l'Europe se méfie et a parfois peur
des déclarations agressives et maladroites de certains responsables
musulmans. Mais il existe un courant libéral de l'Islam, celui qui veut
dialoguer, s'intégrer, vivre sa modernité, respecter les droits de chacun",
a-t-il défendu. (source : cjf)
Pour plus d'informations s'adresser à : Congrès
Juif Mondial
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