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25.02.04 - Pour de nouvelles relations entre le Vatican et le Mexique.

L'éradication de la pauvreté, une conception erronée de la laïcité, la situation des indigènes étaient au coeur de la réponse de Jean Paul II à l'ambassadeur du Mexique venu lui présenter ses lettres de créance.

Le Mexique, deuxième pays au monde ayant le plus grand nombre de catholiques, où 90,3% de la population est baptisée, n'a établi des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, en offrant une reconnaissance juridique à l'Eglise du pays, qu'en septembre 1992. Jusqu'à cette date, les prêtres étaient privés d'une bonne partie de leurs droits civils, comme par exemple le droit de vote. La Constitution et les lois en vigueur étaient celles qui avaient été votées à la fin des années 1910, début 1920, et qui avaient déclenché la persécution religieuse dans le pays, l'une des persécutions les plus sanglantes du XXe siècle.

Ces douze dernières années, a affirmé le pape dans son discours au nouvel ambassadeur Javier Moctezuma Barragán, ont été marquées par "des changements rapides et profonds dans les domaines politique, social et économique du pays". Le 1er décembre 2000, Vicente Fox devenait le premier président du Mexique non membre du PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel) depuis 70 ans.

"A présent, a poursuivi Jean Paul II, dans le cadre juridique actuel, grâce au nouveau climat de respect et de collaboration entre l'Eglise et l'Etat, des progrès qui ont bénéficié à toutes les parties, ont été réalisés. Il est toutefois nécessaire de continuer à travailler pour faire que les principes d'autonomie dans les compétences respectives, d'estime réciproque et de coopération visant à la promotion intégrale de l'être humain, inspirent de plus en plus l'avenir des relations entre les autorités de l'Etat d'un côté et les pasteurs de l'Eglise catholique au Mexique et le Saint-Siège, de l'autre".

"L'éradication de la pauvreté, a-t-il déclaré, demande certainement des mesures à caractère technique et politique, tournées vers les activités économiques et productives qui tiennent compte du bien commun et surtout des plus nécessiteux. Il ne faut toutefois pas oublier que toutes ces mesures seront insuffisantes si elles ne sont pas animées par des valeurs éthiques authentiques"... ""Un modèle de développement qui n'affronte pas de manière décidée les déséquilibres sociaux ne peut prospérer à l'avenir."

Jean Paul II a également évoqué la situation des peuples indigènes, souvent relégués dans l'oubli, demandant à ce que soient respectées leurs aspirations légitimes. Il a rappelé la canonisation du premier Indien du continent américain, Juan Diego, qu'il fit saint dans le sanctuaire Notre-Dame de Guadalupe, le 31 juillet 2002. Il avait alors déclaré, devant le président mexicain Vicente Fox, "le Mexique a besoin de ses Indiens et les Indiens ont besoin du Mexique"."Le Mexique a besoin de ses indigènes et les indigènes ont besoin du Mexique !"

Dans le même temps il a évoqué le problème des immigrés mexicains qui quittent le pays et des nombreuses difficultés auxquelles ils doivent faire face. Le pape a insisté sur le rôle des évêques établis dans les zones frontalières pour améliorer le sort des populations de migrants. 500'000 Mexicains émigrent chaque année aux Etats-Unis, à la recherche d'un emploi mieux rémunéré. Le nombre de personnes nées au Mexique et vivant actuellement aux Etats-Unis est évalué à plus de 8 millions de personnes, dont plus d'un tiers de sans-papiers.

De même il a demandé au Mexique de surmonter une conception erronée de la laïcité qui empêche encore l'Eglise mexicaine de jouer son rôle spirituel dans des domaines comme celui de l'éducation, de la santé ou de la communication. Une laïcité agressive a fait longtemps partie de la tradition officielle du pays. En 1979, le président mexicain, José Lopez Portillo, avait accueilli le pape à Mexico par un discours de 29 secondes, dans lequel il appelait Jean Paul II "Monsieur". Depuis 1992, la loi mexicaine reconnaît à l'Eglise catholique la personnalité juridique.

Jean Paul II a conclu son adresse au nouvel ambassadeur du Mexique en signalant qu'il serait de "tout coeur" avec les fidèles qui se rendront au 48e Congrès eucharistique international, au mois d¹octobre 2004 à Guadalajara. A cette occasion, le Mexique a invité le pape à se rendre dans le pays, mais il est très peu probable qu'il s'y rende. (source : apic/vis)

Pour plus d'informations s'adresser à : Service de presse du Vatican

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