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28.02.04 - USA : Des chiffres horrifiants mais à modérer.

Il faut en effet ne pas distinguer entre les plaintes et les scandales qui se sont avérés malheureused ment vrais, dans les divers diocèses et institutions religieuses des Etats-Unis.

L'étude sur le "child-abuse", demandée par le bureau d'investigation nationale de la Conférence des évêques des Etats-Unis, l'USCCB, a été conduite par John Jay du collège de justice criminelle de New-york. Elle a été publiée le 27 février. Durant la période de 1950 à 2002, sur 109 694 prêtres que compte les 195 diocèses de l'Eglise des Etats-Unis, 4.392 prêtres ont été accusés d'abus sexuel sur mineurs par 10.667 personnes. Soit 4% des prêtres.

Selon le rapport diffusé vendredi à Washington, seules 6.700 plaintes ont été retenues, un peu moins d'un millier ont été abandonnées et près de 3.200 n'ont pas été menées à terme en raison du décès du prévenu. 75% des plaintes concernent des événements entre 1960 et 1984. Les années 70 ont été les plus noires dans les affaires de pédophilie. Si les actes remontent souvent à plus de 30 ans, un tiers des plaintes ont été déposées depuis 2002, et presque toutes les autres entre 1993 et 2001.

Il n'y a pas eu, dans l'Eglise catholique aux Etats-Unis, de "politique de dissimulation" face aux abus sexuels, affirme la Conférence épiscopale des Etats-Unis, dans ce rapport. Il est cependant exact, comme le permet d'ailleurs la justice, que des diocèses ont versé des dédommagements à des victimes tout en convenant avec elles qu'elles garderaient le silence sur leur affaire. De telles conventions, considérées comme usuelles aux USA, ont été interprétées injustement comme une "stratégie de dissimulation", soutient la Conférence épiscopale.

Celle-ci rappelle que ce n'est qu'à partir des années 90 que les études psychologiques ont dévoilé toute la portée des conséquences des abus sexuels pour les victimes. Les évêques ont également admis que beaucoup parmi eux ont cru trop vite au succès des thérapies à l'égard des agresseurs. C'est récemment qu'ils ont pris conscience, à travers des avis d'experts, qu'on ne guérit que rarement des maladies psycho-sexuelles comme la pédophilie ou l'éphébophilie. Et que même en cas de guérison, un suivi thérapeutique et un accompagnement demeurent nécessaires pour éviter une rechute.

Le coût des scandales de pédophilie se monte à ce jour à 573 millions de dollars pour les diocèses américains, montant auquel il convient d'ajouter 85 millions de dédommagement qui ont été convenus récemment avec des victimes. Pour leur part, les compagnies d'assurances ont pris en charge un montant de 219 millions de dollars. La plus grande partie des sommes versées par les diocèses concerne les dédommagements ou les arrangements avec les victimes.

S'ajoutent les coûts liés aux procès et les traitements des prêtres pédophiles. Selon le rapport, 81% des victimes sont de sexe masculin. La moitié d'entre eux sont âgés entre 11 et 14 ans, alors que 27,3% ont entre 15 et 17 ans. Le rapport aborde ainsi la question de l'éphébophilie. Les moins de 7 ans représentent tout de même 6%.

L'enquête révèle encore que plus de la moitié des prêtres concernés ont été accusés d'avoir commis un seul acte de pédophilie, 25% sont concernés par deux ou trois cas, alors que 13% sont sous l'accusation de 4 à 9 abus sexuels.

Les évêques des Etats-Unis ont réitéré leurs excuses devant la presse pour tous ces cas de pédophilie. Ils ont rappelé qu'ils ont adopté des lignes de conduite pour protéger les enfants des abus de la part des collaborateurs de l'Eglise. Une commission indépendante, sous la direction d'anciens agents du FBI, a confirmé en début d'année qu'elle a déjà mis en application la plupart ces lignes de conduite.

Le diocèse de Boston, dans le Massachusetts a été au coeur du scandale pédophile qui a ébranlé l'Eglise catholique américaine. Il a révélé jeudi que 162 de ses prêtres avaient été accusés d'agression sexuelle sur 815 enfants depuis 1950. Le nombre de prêtres accusés représente approximativement 7% des 2.324 membres du clergé ayant servi dans l'archidiocèse de Boston de 1950 à 2003.

"Les chiffres sont vraiment horrifiants, mais ils sont aussi très parlants, tant sur l'ampleur du problème que pour situer le moment où il est apparu dans toute son envergure", a ajouté Mgr Sean O'Malley, archevêque de Boston . Il a noté que les accusations portées contre ces 162 prêtres ne signifiaient pas que les allégations aient été prouvées devant des tribunaux civils ou canoniques. Mgr O'Malley a pris ses fonctions d'archevêque en août 2003, succédant au cardinal Bernard Law qui avait démissionné en décembre 2002, après avoir été accusé d'avoir couvert systématiquement les scandales de prêtres pédophiles. (source : cns)

Pour plus d'informations s'adresser à : CNS

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