06.03.04
- Inde : La conversion ne change
pas leur statut.
Dans un récent arrêt, la Cour suprême estime que les convertis au
christianisme ne perdent pas, du fait de leur conversion, les privilèges
attachés à leur appartenance ethnique ou de caste.
En Inde, les personnes appartenant à des ethnies minoritaires ou à des
basses castes énumérées dans une liste officielles jouissent de privilèges
divers destinés à favoriser leur développement, tels que l'éducation
gratuite, un quota d'emplois réservés dans la fonction publique, des
droits spéciaux en matière de terres, un traitement spécial devant les
tribunaux, etc.
Jusqu'à présent, ces privilèges avaient été refusés aux chrétiens et
aux musulmans de basses castes sous le prétexte que le christianisme
et l'islam ne reconnaissent pas le système de castes, qui détermine
le statut social des personnes dans la société indienne. Le 28 janvier
dernier, la Cour suprême de l'Inde, à New Delhi, a rendu en appel une
sentence impliquant qu'un membre d'une ethnie spécifiée par la loi comme
bénéficiaire des dits privilèges n'en perdait pas le bénéfice en changeant
de religion.
Selon la Cour, le changement de croyance n'entraînait pas un changement
d'identité ethnique et culturelle dans la mesure où la personne concernée
conservait ses coutumes, ses rituels et un certain nombre de traits
caractéristiques. Cette sentence de la Cour suprême prononcée en appel
revenait sur le jugement d'un tribunal du Kerala qui, dans une affaire
de viol, avait refusé de faire bénéficier la victime des dispositions
d'une loi chargée de protéger les minorités ethniques sous le motif
que les ancêtres de la jeune fille avaient changé de religion .
Les différentes hiérarchies des Eglises chrétiennes en Inde se sont
aussitôt félicitées de cette décision de la Cour suprême. Le cardinal
Telesphore Toppo, nouveau président de la Conférence épiscopale catholique,
lui-même appartenant à l'ethnie Oraon, a déclaré que la sentence de
la plus haute instance juridique indienne constituait une réponse aux
allégations des groupes prétendant que les membres des ethnies convertis
au christianisme ou à d'autres religions se coupaient ainsi l'accès
aux privilèges prévus par la loi. « Quelle que soit la religion qu'ils
adoptent , a-t-il dit, ils sont assurés de garder leur statut ethnique
pour toujours. »
Il a ajouté que cette décision qui ferait jurisprudence contribuerait
à renforcer l'unité entre les chrétiens et les autres au sein des diverses
minorités ethniques. Voilà, en effet, des dizaines d'années que la division
y est entretenue par divers groupes dont les motivations sont avant
tout politiques.
Mgr Z. James Terom, de l'Eglise (protestante) de l'Inde du Nord, appartenant
à l'ethnie minoritaire des Munda, qualifie d' « excellente » la récente
décision de la Cour suprême. Elle illustre le caractère séculier du
système judiciaire indien.
Paradoxalement et pour des raisons différentes, la décision de la Cour
suprême a été bien accueillie dans les milieux du fondamentalisme hindou.
Ainsi Ram Madhav, porte-parole du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS,
Corps national des volontaires), estime qu'il est normal que les convertis
gardent leur ancien statut car, dit-il, un changement de religion n'est
pas synonyme de disparition du statut originel.
Deux associations parmi celles qui se regroupent au sein du RSS sont
particulièrement actives au sein des ethnies minoritaires, le Vanvasi
Kalyan Ashram (Ashram pour le bien-être des habitants des forêts) et
le Hindu Jagran Mach (Forum pour la mobilisation de l'hindouisme). Elles
sont notamment connues pour leur programme de reconversion des chrétiens
à l'hindouisme. (source : eda)
Pour plus d'informations s'adresser à : Eglises
d'Asie
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