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08.03.04 - Ethiopie : Un calme apparent.

Les autorités d'Addis Abeba ont admis avoir fourni une réponse inadéquate au risque de massacres de nature ethnique survenus fin décembre à Gambella, dans l'ouest de l'Ethiopie.

Plus de 200 personnes (au moins 300 selon des organisations de défense des droits de l'Homme) ont été tuées durant les affrontements et des milliers de familles ont par la suite abandonné la zone à cause des tensions persistantes entre les diverses communautés ethniques de cette région occidentale, frontalière du Soudan. "Le gouvernement", lit-on dans un communiqué diffusé hier par le ministère des Affaires fédérales, "s'est excusé pour ne pas avoir agi de manière préventive et a promis de se ranger du côté des victimes afin que justice soit faite".

Les autorités fédérales (l'Ethiopie est une fédération de 9 Etats qui avec plus de 65 millions d'habitants est le second pays le plus peuplé d'Afrique) ont commencé à rassembler des preuves pour identifier les instigateurs des violences et les porter devant les tribunaux.

Selon des sources officielles, 37 personnes ont déjà été identifiées tandis que 40 autres sont retenues car sur elles pèsent le soupçon d'avoir participé à un autre grave épisode, survenu fin janvier, quand environ 200 personnes ont été tuées en un seul jour dans la zone des minières d'or de Dima, toujours dans la région de Gambella. Ce sont surtout les Anuak - qui forment environ un quart de la population - accusés de la responsabilité des attaques de décembre, qui ont fui la zone peuplée par 230.000 habitants et une mosaïque de groupes ethniques.

Ces dernières années Anuak et Nuer (un autre groupe ethnique important dans la zone) se sont affrontés pour le contrôle des postes-clés dans l'administration, de laquelle quelques groupes ont été exclus, sur proposition du gouvernement d'Addis Abeba, critiqué par certains pour sa politique définie sur une "base ethnique".

Il faut rappeler par ailleurs que de nombreux résidents dans la région de Gambella (riche en or et, semble-t-il, en pétrole) sont "victimes" de transferts de population imposés par le régime de Menghistu, qui a obligé des centaines de milliers d'éthiopiens à coloniser des régions habitées traditionnellement par d'autres tribus, en alimentant de la sorte le foyer des tensions ethniques. Durant la même période, se sont également ajoutés des milliers de réfugiés soudanais qui fuyaient la guerre entre Khartoum et le sud indépendantiste, ce qui a créé un autre élément de déstabilisation. (source : misna)

Pour plus d'informations s'adresser à : Agence Misna

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