13.03.04
- Qui a tué Jésus
? .
"Qui a tué Jésus ?" Le prédicateur de la Maison Pontificale a répondu
à cette question posée à maintes reprises par les media à l'occasion
du lancement du film de Mel Gibson :"La Passion du Christ".
Lors de sa première méditation de Carême à la Curie romaine, le vendredi
12 mars, le P. Raniero Cantalamessa a approfondi la dimension historique
des récits évangéliques de la passion, mort et résurrection du Christ.
"Il faut dit-il, avant tout affirmer que quelle que soit l'explication
que l'on donne des circonstances extérieures et des motivations juridiques
de la mort du Christ, celles-ci ne changent en rien le sens réel de
sa mort, qui dépendait de ce qu'il pensait lui, et non de ce que pensaient
les autres."
... "Et le sens qu'il donnait lui de sa mort, il l'a expliqué clairement
au préalable, au moment d'instituer l'Eucharistie: "Prenez et mangez,
ceci est mort corps, livré pour vous", a-t-il rappelé dans sa méditation
prononcée dans la chapelle "Redemptoris Mater" devant les membres de
la Curie romaine.
... "Aucune formule de foi du Nouveau Testament et de l'Eglise ne dit
que Jésus est mort "à cause des péchés des juifs"; elles disent toutes
qu'il "est mort à cause de nos péchés", c'est-à-dire des péchés de tous.
La doctrine de l'Eglise connaît un seul péché qui se transmet de façon
héréditaire de père en fils: le péché originel", précise-t-il, pour
rappeler qu'il n'est pas possible d'accuser le peuple juif dans son
ensemble, de la mort de Jésus.
"Si l'on considère les juifs des générations futures responsables de
la mort du Christ, on devrait aussi pour la même raison considérer les
romains des générations futures, y compris les papes de familles romaines,
responsables, et les accuser de déicide, dans la mesure où il est certain
que, du point de vue juridique, la condamnation du Christ et son exécution
(la forme de l'exécution par crucifixion le confirme) sont à imputer,
en dernière analyse, aux autorités romaines".
Le prédicateur a par ailleurs résumé la position de l'Eglise
catholique en citant le numéro 4 de la déclaration du Concile Vatican
II "Nostra Aetate" : "Encore que des autorités juives, avec leurs partisans,
aient poussé à la mort du Christ, ce qui a été commis durant sa passion
ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors,
ni aux Juifs de notre temps".
"Il y a là une certaine convergence avec la tradition juive du passé.
Si l'on se base sur les informations sur la mort de Jésus présentes
dans le Talmud et dans d'autres sources juives (même si elles sont tardives
et contradictoires), on constate que la tradition juive n'a jamais nié
une participation des autorités de l'époque à la condamnation du Christ.
Elle n'a pas basé sa propre défense sur la négation de ce fait mais
plutôt en niant que le fait, du point de vue des juifs, constitue un
crime et que la condamnation du Christ ait été une condamnation injuste",
a-t-il expliqué.
"En tant que croyants, il faut peut-être s'efforcer d'aller au-delà
de l'affirmation de la non culpabilité du peuple juif et voir dans la
souffrance injuste qu'il a subie au cours de l'histoire, quelque chose
qui le place du côté du Serviteur souffrant de Dieu et, par conséquent,
pour nous chrétiens, du côté de Jésus", suggère le prédicateur de la
Maison Pontificale.
"C'est ainsi qu'Edith Stein avait compris le drame qui se préparait
pour elle et pour son peuple dans l'Allemagne de Hitler", rappelle-t-il
en citant la carmélite convertie du judaïsme, qui mourut dans un camp
de concentration. "Là, sous la croix, je compris le destin du peuple
de Dieu. Je pensai: ceux qui savent que cette croix est la croix du
Christ ont le devoir de la prendre sur eux, au nom de tous les autres".
"Plus que de la responsabilité du peuple juif dans la mort du Christ
on devrait parler de la responsabilité du peuple chrétien dans la mort
des juifs", a-t-il poursuivi.
"Un communiqué du Congrès juif du Canada dit que le film de Mel Gibson
peut devenir, si nous le voulons, une "opportunité" pour juifs et chrétiens
pour avancer sur le chemin de la réconciliation et de l'amitié", précise
encore le P. Cantalamessa. "Tout ce qui a été écrit autour de ce film
(pas le film lui-même que je n'ai pas vu) n'a fait qu'accroître en moi,
et j'en suis sûr, chez tant d'autres chrétiens, un sentiment de reconnaissance
infinie envers le peuple juif pour avoir donné au monde Jésus de Nazareth
et pour le prix incalculable qu'il a dû payer pour ce don. " (source
: zenit)
Pour plus d'informations s'adresser à : Agence
Zenit
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