13.03.04
- France : Vivre sa religion à
l'hôpital.
Une loi est en préparation sur la laïcité à l'hôpital, qui complètera
celle sur le port de signes religieux à l'école adoptée la semaine dernière
par le Parlement français car la religion des malades s'inscrit
de plein droit dans le paysage hospitalier.
La commission Stasi sur la laïcité, chargé par le gouvernement
français de l'ensemble des problèmes liés à
la laïcité à la française, avait entendu des
personnels hospitaliers inquiets de la montée de manifestations d'intégrisme
religieux, mais aussi du refus de certains hôpitaux de prendre
en compte les demandes "religuieuses" des malades.
Or si le personnel hospitalier, comme tout agent public, est tenu à
une stricte neutralité, en revanche la loi de laïcité de 1905 reconnaît
aux usagers le droit à l'exercice de leur religion. "Beaucoup d'élèves
infirmiers pensent que la religion des malades n'est pas leur problème,
mais ils sont vite obligés d'en tenir compte" dit Isabelle Lévy, formatrice
en milieu hospitalier.
Comme dans tout lieu fermé, en particulier les internats scolaires,
l'armée, les prisons, les hôpitaux doivent avoir un aumônier ou un correspondant
catholique, protestant, juif, musulman, voire bouddhiste ou hindouiste.
Plus couramment, "refuser d'appeler un prêtre pour une jeune accouchée
qui demande une bénédiction, trouver un prétexte pour ne pas descendre
un vieillard à la messe célébrée à la chapelle de l'hôpital s'apparente
à de la maltraitance", affirme encore Isabelle Levy.
La présence de pratiquants musulmans qui demandent de pouvoir
respecter les exigences religieuses de leur foi, pose avec plus d'acuité
ce problèmes, difficile à résoudre en raison de
sa complexité. Un malade qui croit que sa religion lui interdit
les analgésiques, un autre qui s'abstient de sonner l'infirmière pendant
Shabbat, un troisième dont les analyses sanguines sont perturbées par
le jeûne du ramadan: autant de situations concrètes auxquelles, un jour
ou l'autre, est confronté le personnel hospitalier.
Le ministère français de la Santé a précisé que "le choix du
malade est un droit fondamental quand il s'exprime pour des motifs légitimes".
Ce droit est inscrit dans le code de la santé publique et la charte
du patient hospitalisé. Pour le docteur Paul Atlan, gynécologue à Antoine
Béclère, un hôpital parisien en pointe sur les méthodes de procréation
médicalement assistée, "sauf cas d'urgence, le médecin doit toujours
tenir compte de la culture de son patient".
"On ne refuse pas à un mourant les derniers sacrements. Ce qu'on accorde
à la mort, on doit pouvoir l'accorder à la vie", souligne-t-il. C'est
pourquoi il a créé une consultation: "éthique et religion" pour aider
les patients qui le souhaitent à prendre leur décision, car "ce qui
est permis par les lois de la République ne l'est pas forcément par
leur religion". Car le Dr Atlan "s'interdit" de jouer les rabbins, les
prêtres ou les imams: "même si je connais la réponse, c'est aux religieux
de la donner". (source : anh)
Pour plus d'informations s'adresser à : Aumônerie
nationale des hôpitaux
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