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20.03.04 - Suisse : Les Eglises prennent position.

La Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) et le service d'information de la Conférence des évêques suisses (CES) ont publié leurs réflexions critiques sur le film de Mel Gibson.

Vendredi 18 mars, après la sortie en Suisse du film "La Passion du Christ", un film "dont on peut se passer", les Eglises dénoncent une violence inutile, et un film porteur d'un message non dénué d'antisémitisme.

Selon la FEPS et la CES, "La Passion du Christ" est un film "dont on peut se passer", qui ne devrait pas "être surévalué". Aux yeux des deux instances, historiquement, il n'est pas fiable et sur d'autres points il est problématique. Le rejeter en bloc n'est cependant pas approprié. Ce film, assurent-elles, est une oeuvre qui devrait être assez vite oubliée, quand la publicité médiatique extravagante sera passée.

La FEPS et la CES soutiennent toutefois que l'un de ses effets positifs pourrait être "de pousser des êtres à se repencher sur les textes originels". Elles estiment en outre qu'il n'y a rien à objecter à la mise en film de la Bible. "La Bible fait partie de la littérature du monde. L'Ancien et le Nouveau Testament ont souvent été utilisés comme sources de scénarios."

"La Passion du Christ" est la mise en film de la littérature biblique et, en tant que telle, c'est un mélange d'interprétations, d'imagination, d'enjolivement, de simplification, de choix et de soulignements, élaboré avec les moyens techniques les plus modernes du 21e siècle. Dans ce sens, Mel Gibson ne peut prétendre être historiquement authentique".

Théologiquement, écrivent la FEPS et la CES, il faut jauger le film à sa capacité ou son incapacité d'indiquer les arrière-plans théologiques et à travers eux le sens de l'autosacrifice, jusque dans la mort, de Jésus. "Le Christ est mort pour nous est au coeur de l'interprétation néotestamentaire de la souffrance et de la mort de Jésus-Christ. Que des êtres humains "détachés de l'Eglise", "déchristianisés" et sécularisés puissent comprendre ce message est plus qu'incertain.

Le problème ici est par contre la réduction de l'image du Christ au Christ de la Passion. La Passion n'est pas l'unique visage de Jésus montré par les Evangiles : Jésus est aussi un grand enseignant et un interprète de la Torah, son message contient de fortes impulsions politiques et sociales, et de plus, il révèle un Dieu d'amour et de pardon. On peut se demander à qui sert vraiment une image du Christ aussi réductrice que celle qui est montrée dans le film".

Reste la question de l'antisémitisme, rattachée à ce film par les milieux juifs: "Il y a antisémitisme quand sont acceptés et reproduits des stéréotypes racistes, qui se sont avérés efficaces et dangereux au cours de l'histoire. Même le simple fait de citer la Bible peut être antisémite. De ce danger le film n'est pas exempt non plus. Après la Shoah, certaines choses ne peuvent plus être dites, sans être simultanément commentées, situées et relativisées historiquement."

" ...Tout ce qui aujourd'hui appuie l'attribution d'une responsabilité collective aux juifs, doit être interdit en toutes circonstances, même lorsqu'il s'agit de citations de la Bible". (source : apic)

Pour plus d'informations s'adresser à : Agence APIC

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