03.04.04
- La liturgie n'est pas un bien
de consommation.
Le Vatican souhaite entretenir la dynamique de la réforme liturgique
du Concile Vatican II, a déclaré le cardinal Francis Arinze, président
de la Congrégation pour la discipline des sacrements.
En décembre dernier, tout en voulant "témoigner de la validité
des directives du Concile, la Congrégation pour la discipline des sacrements
a souhaité, lors du colloque international qui alors avait réuni de
nombreux cardinaux, "prendre acte des initiatives pour faire front aux
abus qui se sont manifestés, en contraste avec les souhaits et les directives
du concile et du magistère au long des quarante années".
Répondant à une question sur les critiques négatives parfois émises
contre la liturgie pontificale et sur le fait que le domaine de la liturgie
ressemble parfois à un champ de bataille, le cardinal Arinze a affirmé
en souriant que "la liturgie n'est pas un champ de bataille mais un
culte rendu à Dieu !".
Il a ajouté que l'"on ne peut empêcher les hommes d'avoir des opinions.
L'Eglise est vivante. Elle n'est pas un frigidaire ecclésiastique ou
un des musées du Vatican".
Concernant le document demandé par Jean Paul II sur les abus liturgiques
en matière eucharistique dans son encyclique "Ecclesia de eucharistia",
il n'a pas souhaité donner une date précise de publication, soulignant
que les journalistes "seraient les premiers informés" et qu'une autre
conférence de presse sera organisée à cette occasion.
On estime que ce document pourrait voir le jour fin avril ou au mois
de mai, mais on précise qu'il ne devrait pas contenir de grandes nouveautés
en matière normative. Pour le numéro deux de la congrégation, Mgr Domenico
Sorrentino, le volume des actes de la journée d'étude du mois de décembre
est "commémoratif", mais aussi "programmatique" dans la mesure où "il
met en lumière les nouveaux défis qui interpellent l'Eglise et touchent
la liturgie de notre temps".
Soulignant "le besoin croissant de contemplation" dans la société actuelle,
imprégnée "par les méthodes de méditations orientales", il a insisté
sur "l'action contemplative" de la liturgie et la nécessité de faire
croître, dans la liturgie, "l'expérience du silence".
Il a cependant précisé que ce serait "fausser la liturgie que de la
priver de son rapport avec le vécu humain, au nom de son appartenance
au sacré". "Le Dieu biblique est certes le Dieu trois fois saint, a-t-il
conclu, mais il est aussi le Dieu de l'incarnation, profondément inséré
dans l'histoire de l'homme".
De son côté, Mgr Piero Marini, maître des cérémonies pontificales,
dans un large commentaire devant des étudiants en théologie, a tenu
à préciser que la liturgie n'est pas "la somme des émotions
d'un groupe, ni encore moins le réceptacle de sentiments personnels".
Par sa "noble simplicité", elle doit "manifester le rapport entre l'humain
et le divin de la liturgie".
... "D'une liturgie romaine caractérisée par l'uniformité (unicité de
la langue, fixité des rubriques), on est passé à une liturgie plus proche
de la sensibilité de l'homme moderne, ouverte à l'adaptation et aux
cultures. C'est l'expression d'une Eglise de la communion qui considère
la diversité non pas comme un élément négatif en soi, mais comme un
possible enrichissement de l'unité".
Mgr Marini note, au fil de sa conférence, que l'on rencontre diverses
tendances dans l'Eglise catholique "entre ceux qui veulent une liturgie
plus horizontale, communautaire et participative et d'autres qui préfèrent
une liturgie verticale et détachée. D'une part, il y a la liturgie paroissiale
et, de l'autre, celle exprimée par certains mouvements, par ceux qui
ont des affinités tridentines.
La liturgie n'a pas à donner de réponse aux attentes des consommateurs.
"La liturgie ne rentre pas dans le genre des biens de consommation,
elle n'est pas un supermarché de l'Eglise ! Elle est surtout l'œuvre
de Dieu, précise-t-il, adoration, accueil, gratuité". Pour lui, il s'agit
de chercher "les critères fondamentaux de la beauté de la liturgie,
au delà des goûts et des modes (…). Ce serait une grande erreur de vouloir
appliquer simplement à la liturgie les goûts profanes du beau".
Miais il souligne dans le même temps l'importance d'enrichir les
liturgies "avec des éléments propres aux peuples concernés" et de citer
le pape lui-même qui avait demandé, pour le synode du continent africain,
à ce que les célébrations marquant l'ouverture et la clôture du synode
"soient marquées par un clair caractère africain". Jean Paul II avait
alors été, dans son Exhortation Apostolique post-synodale, "chaudement
reconnaissant" du travail accompli par le groupe de travail qui avait
"aussi bien soigné les liturgies eucharistiques". (source vis/apic)
Pour plus d'informations s'adresser à : Service
de presse du Vatican
Retour
|