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10.04.04 - Un de nos coups de coeur parmi d'autres.

Le supplément du quotidien "La Croix" sur la Liturgie.(samedi 10 avril)

La liturgie est un "terrain miné" et même à Rome, c'est un lieu de haute tension. Ce dossier de "La Croix" traite d'une manière exhaustive et irénique un dossier très controversé. Il n'est pas jusqu'aux cérémonies pontificales qui n'échappent pas aux feux de la critique. Ainsi, Mgr Piero Marini, archevêque et maître des cérémonies pontificales, a-t-il dû se justifier récemment d'avoir osé donner " un clair caractère africain " aux cérémonies d'ouverture et de clôture du synode africain à Rome au printemps 1994 !

Il a fallu que Jean Paul II lui-même, " chaudement reconnaissant "selon l'expression employée par le pape, soutienne personnellement le choix de son liturge. Pourtant, d'autres s'étaient plaints, concernant ce même synode africain, en même temps et mêmes lieux, de liturgies pontificales " trop latines "…

Il y a un an, le Jeudi saint, Jean- Paul II annonçait d'ailleurs un recadrage à venir en conclusion de son encyclique sur l'Eucharistie "Ecclesia de Eucharistia"et sa pensée est claire : "Sur ce thème d'une grande importance, di-til, il n'est permis à personne de sous-évaluer le Mystère remis entre nos mains : il est trop grand pour que quelqu'un puisse se permettre de le traiter à sa guise, ne respectant ni son caractère sacré ni sa dimension universelle."

Mgr Marini, résumait devant des étudiants en théologie de Naples, la quadrature du cercle que les liturges romains s'emploient à résoudre " entre ceux qui veulent une liturgie plus horizontale, communautaire et participative, et d'autres qui préfèrent une liturgie verticale et détachée. Il y a d'une part la liturgie paroissiale et, de l'autre, celle exprimée par certains mouvements, ou par ceux qui ont des affinités tridentines [avec la liturgie d'avant Vatican II et qui date du concile de Trente, NDLR] et regrettent le chant grégorien. "

Le dossier du quotidien français aborde ainsi la liturgie qui divise autant qu'elle rassemble." Le Vatican est toujours tiraillé entre différentes sensibilités relatives à la célébration de la messe Un texte est à l'étude qui doit permettre de lutter contre les abus d'innovations comme de nostalgie."

Nicolas Lossky président de la commission liturgique de l'Assemblée des évêques orthodoxes de France est questionné à ce sujet. "Après la traduction en français de la liturgie de saint Basile, votre commission vient d'achever celle de la liturgie de saint Jean Chrysostome. À l'issue d'un tel travail, comment jugez-vous la réforme liturgique entreprise par l'Église catholique après Vatican II ?"

Nicolas Lossky : Élevé chez les jésuites, j'ai pu voir à quel point cette réforme puise ses sources dans la tradition. La quatrième prière eucharistique est par exemple très proche de la liturgie de saint Basile. D'autres trouvent leur source plus loin encore, jusque dans la Didaché. Pour nous, le travail a été différent : si nous puisons aux mêmes sources, notre liturgie n'a pas connu les mêmes développements, même si nous avons aussi besoin d'enlever les " alluvions ".

- Qu'entendez-vous par là ? - Il s'agit de tout ce que la piété a pu ajouter aux choses essentielles, mais qui n'est pas conforme à la tradition vivante."

La pensée du cardinal Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles, dans "Pastoralia", son bulletin diocésain du 10 décembre 1995, est également mentionnée : "La liturgie tient tout entière dans la réception savoureuse du Christ à travers l'action liturgique. L'âme et le corps sont pris, même si l'intelligence n'a pas tout compris. La liturgie ne peut devenir l'expression de nous-mêmes : " On a bien chanté ! ", " le thème est bien passé ", " ici, on s'y retrouve ", " l'ambiance était super ".

..." Non, la liturgie n'est pas le lieu où l'on se retrouve, mais où l'on retrouve le Seigneur. Si elle ne nous décentre pas complètement, on n'a en rien évolué depuis le temps où l'on disait " Ma messe " ! "

Ces quelques aperçus ne peuvent rendre compte de la richesse d'un dossier qu'il nous faudrait réfléchir, en une véritable vision de foi dans l'Eglise, sacrement du Christ.

Pour plus d'informations : "La Croix" - samedi 10-dimanche 11 avril 2004.

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