10.04.04
- Aux frontières de la foi
chez les indigènes Yanomami.
Au moment où les chrétiens réfléchissent à la signification de la
Passion, de la mort et de la Résurrection de Christ, l'Agence Misna
a recueilli un témoignage de la foi de ce peuple indigène.
C'est celui d'un missionnaire qui oeuvre parmi les indigènes brésiliens
sur la façon dont le peuple Yanomami de Roraima célèbre depuis des siècles
le mystère de la fin de la vie sur terre et du salut de l'âme. Ces jours-ci
précisément, le religieux - dont on maintient l'anonymat pour des raisons
de sécurité - a participé à la cérémonie funèbre de Machadão, un leader
Yanomami et "xapuri" (chaman).
"Il est difficile pour une personne n'assistant pas directement à un
tel évènement de décrire l'immense douleur des parents qui après avoir
rassemblé les biens du défunt les font circuler dans la "maloca", la
cabane commune, en évoquant des moments de la vie de celui qui est parti
pour "l´hutumosi", le ciel, que les Yanomami considèrent et décrivent
comme vraiment similaire à la réalité terrestre" explique le missionnaire.
Le peuple Yanomami est considéré par les anthropologues comme le plus
primitif sur la surface de la terre, avec une culture et un style de
vie qui remontent au Néolithique (il y a plus de 12.000 ans): ils sont
encore 12.000 aujourd'hui au Brésil, pour la plupart chasseurs et récolteurs
vivant en parfaite symbiose avec la nature, une existence à l'enseigne
de la tranquillité sans l'angoisse de produire, capables d'écouter,
d'accueillir, de dialoguer, de fêter et dotés du don de la communion.
"Même dans "l'hutumosi", des "malocas" existent, identiques, ainsi que
la forêt, les animaux et les plantes terrestres: la seule différence
est que dans le ciel personne ne doit se préoccuper de chercher la nourriture
et tout ce qui sert pour vivre. Tout est donné en abondance et pour
cette raison il est possible de vivre une nouvelle vie heureuse et à
l'enseigne de la plénitude", poursuit le missionnaire.
Les Yanomami croient que nous tous dans notre tête avons une petite
porte par laquelle l'âme ("pore") sort au moment de la mort, après avoir
reçu l'aide des "xapuri". Après avoir été peinte et décorée, elle se
met en marche sur le chemin qui porte à "l'hutumosi". Une fois arrivée,
elle se dirigera vers sa "malora" d'origine après avoir été accueillie
par les membres de sa famille et pourra bénéficier de leur réconfort
et de leur affection".
"Chez les Yanomami la tombe n'existe pas" ajoute le religieux. "Le corps
est pendu à un arbre de la forêt, enveloppé dans un hamac construit
avec du bois et des feuilles de palmier, et laissé sur place jusqu'à
la décomposition ". Les os sont rassemblés et brûlés sur le feu et les
cendres sont distribuées aux membres les plus proches de la famille.
"Notre approche consiste avant tout à apprécier et à croire en leur
culture, entendue comme don de Dieu qui provient du don de la liberté.
Dans leur religiosité il y a déjà une possibilité d'obtenir le salut,
qu'ils cherchent à leur façon", explique un membre de la pastorale indigène
du Brésil.
Le 15 septembre 1996, en quittant son diocèse après 21 ans, l'évêque
de Roraima, Mgr Aldo Mongiano, missionnaire de la Consolata, reconnaissait
leur foi chrétienne, même si elle est bien imparfaite et,
à ce moment, il a remercié les "indigènes macuxí, wapixana, yanomami,
taurepang, ingaricó, wai-wai et atroarí, qui ont écouté le message de
l'Evangile, qui leur a été transmis par l'Eglise, et l'ont fait résonner
dans leurs consciences, en réveillant des désirs et des espoirs frustrés
par des siècles de marginalisation, d'oppression et d'exploitation".
(source : misna)
Pour plus d'informations : Agence Misna
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