21.04.04
- Rwanda : Un génocide de
l'humanité .
"Le génocide d'un peuple est toujours le génocide de l'humanité"
tel est le titre du dossier spécial très complet établi
par l'agence vaticane Fides et qui fait le point sur la situation actuelle
du Rwanda.
"Dix ans après le génocide, les plaies restent ouvertes au Rwanda, mais
la réconciliation fait des progrès. Ce 6 avril 1994 commence le génocide
au Rwanda, qui s'insère dans une longue spirale, avec des aspects nombreux
non encore connus entièrement, de luttes féroces qui ont mis l'homme
contre l'homme, un peuple contre l'autre, en faisant non seulement des
millions de victimes de l'une et l'autre ethnie, mais aussi des mutilations
irréparables au patrimoine de l'humanité", explique Fides.
... "Chaque fois que l'on extermine un peuple, que l'on supprime une
ethnie en recourant à la violence et aux vexations, l'homme non seulement
perpétue la haine de Caïn, mais prive l'humanité d'une partie essentielle
de son ADN. Le monde ne sera plus celui d'auparavant parce que chaque
individu, et à plus forte raison encore chaque peuple, a été créé avec
des caractères uniques et inimitables et, comme dans la suite de l'ADN,
chaque élément est indispensable à l'autre et à l'organisme tout entier
; de même chaque peuple est indispensable à la vie de l'autre, et pour
assurer à l'humanité une richesse multiforme".
..."Le génocide des Tutsis de 1994 a modifié la composition sociale
du pays. Actuellement le Rwanda compte 8.162.715 habitants (données
du recensement de 2002), dont 85% de Hutus, 14% de Tutsis et 1% de Twas.
Les catholiques représentent 53% de la population, les animistes et
les sans religion 20%, les protestants 25%, les musulmans 2%. Les langues
sont le kinyarwanda, le français et l'anglais. Le retour des réfugiés,
souvent nés dans les pays d'accueil, a créé un déséquilibre socioculturel
: outre une langue qui n'était pas parlée précédemment dans le pays,
ils ont aussi apporté d'autres cultures, des us et coutumes différents."
..." Les massacres de 1994 et ceux des années suivantes ont détruit
beaucoup de familles, en créant un nombre considérable d'orphelins et
de veuves, et en provoquant un accroissement de la polygamie. Il n'existe
pas d'estimations au niveau national, mais dans le seul diocèse de Kabgayi,
on dénombrait en 1998, plus de 14.000 veuves et plus de 5.000 cas de
polygamie. Les enfants restés orphelins à cause du génocide sont plus
de 300.000. La moitié d'entre eux n'a pas encore trouvé de famille d'accueil
et vit de mendicité et de petite criminalité dans les rues. Dans la
seule Kigali, la Capitale, vivent au moins 2.000 enfants des rues."
..."La priorité de l'Église au Rwanda est la réconciliation. Le
conflit a provoqué des blessures difficiles à guérir à court terme.
La haine et le désir de vengeance animent encore des pans de la société.
Les célébrations des synodes diocésains et du premier centenaire de
l'évangélisation au Rwanda ont privilégié une pastorale destinée à guérir
les blessures de la communauté et à jeter les bases d'un futur de paix,
d'unité et de réconciliation. Un autre défi est celui du respect des
droits humains et de l'affirmation d'un sens authentique de la justice,
sans esprit de vengeance. L'Église, qui a payé un lourd tribut de sang
durant le génocide, est en première ligne pour œuvrer à la réconciliation
nationale."
..." La conférence épiscopale rwandaise a été décimée pendant la
guerre. Plus de 103 prêtres, 65 religieuses et 47 frères ont perdu la
vie, ainsi que trois évêques ; l'archevêque de Kigali, Mgr Vincent Nsengiyumva,
l'évêque de Byumba, Mgr Joseph Ruzindana, et celui de Kabgayi, Mgr Thaddée
Nsengiyumva. Un autre évêque, Mgr Phocas Nikwigize, ordinaire de Ruhengeri,
s'était réfugié à l'étranger, et on a perdu ses traces depuis qu'il
a essayé de rentrer dans son diocèse, le 30 novembre 1996. Depuis lors,
on n'a plus de nouvelles de lui, et on pense qu'il a été tué et enterré
dans une des fosses communes."
..." Aujourd'hui, la conférence épiscopale a été reconstituée :
elle est composée d'un archevêque et de 8 évêques, et elle est présidée
par l'archevêque de Kigali. Les paroisses sont au nombre de 132. Il
y a actuellement 366 prêtres diocésains, 119 prêtres religieux. Les
religieuses sont 1.217, les religieux 134. Les missionnaires sont plus
de 120, et appartiennent à des divers instituts qui ont créé
une association ainsi que les religieuses pour étudier les problèmes
du pays et y apporter une réponse adéquante."
..." Il existe 3 séminaires majeurs à Nyakibanda, Rutongo, Kabgayi,
et 8 séminaires mineurs à Ndera, Kabgayi, Butare, Nyundo, Zaza, Rwesero,
Cyangugu et Nkumba. Les séminaristes majeurs sont 347, et les catéchistes
sont 3.455. Les catéchistes remplissent un rôle fondamental dans l'œuvre
d'apostolat de l'Église. On compte également de nombreux mouvements
religieux et des communautés de base. Par suite du manque de prêtres,
nombre de réalités ecclésiales sont animées par des laïcs, et dans bien
des cas il a été nécessaire d'instituer des ministres extraordinaires
pour l'Eucharistie : ils sont plus de 500 dans le seul diocèse de Kabgayi."
(source : fides)
Pour plus d'informations se reporter à tout le dossier : Agence
Fides
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