19.04.04
- Inde : Un groupe d'autoprotection.
Pour se protéger des attaquesdes fondamentalistes hindous, des chrétiens
du Madhya Pradesh viennent de redonner vie à un groupe oecuménique d'autoprotectionancien
forum tombé en désuétude en 1998 par manque de soutien.
A l'issue d'une réunion tenue le 18 mars à Alirajpur, 25 protestants
et catholiques ont décidé de reconstituer la "Commission des minorités",
créé il y a quelque huit ans. Cette initiative s'est développée à la
suite d'une escalade de violences anti-chrétiennes qui s'est déclenchée
au début du mois de janvier 2004 à Jhabua. Ces manifestations, animées,
semble-t-il, par des groupes de l'extrême droite hindouiste, avaient
immédiatement suivi la découverte, le 11 janvier 2004, du corps d'une
petite fille de 9 ans, nommée Sujata, dans une salle de bain d'une école
catholique située à l'intérieure de l'enceinte de la cathédrale de Jhabua,
diocèse du Madhya Pradesh.
Les traces trouvées sur le corps ont montré qu'elle avait été violée
avant d'être étranglée. Depuis la macabre découverte, une série de manifestations
très violentes ont déjà fait un mort et un certain nombre de blessés,
parmi lesquels des religieuses et des prêtres chrétiens. Les militants
hindouistes accusaient ouvertement les prêtres catholiques d'avoir commis
le meurtre, même après que la police eut arrêté un individu de religion
hindoue, qui a avoué le viol et le meurtre.
Le 16 janvier, en particulier, le P. Ferreira, principal responsable
de la mission Don Bosco à Alirajpur, a été pris à partie par une foule
de manifestants qui l'a frappé, a mis le feu à sa voiture et incendié
un certain nombre de maisons de chrétiens. Le prêtre s'en est tiré avec
huit points de suture et de nombreuses entailles sur le visage. Il est
aujourd'hui l'un des auteurs de l'initiative visant à réanimer l'ancien
organe ocuménique.
Il a suggéré que celui-ci mène des activités telles qu'elles permettent
aux hindous et aux musulmans de porter un regard positif sur les chrétiens
de la ville. Selon lui, les fauteurs de trouble ne constituent qu'un
petit groupe et l'association oecuménique revivifiée est susceptible
de détourner le soutien public apporté aux fondamentalistes hindous.
Un des participants de la rencontre du 18 mars, Melvyn Christopher,
considère lui aussi que le nouveau groupe est capable d'arracher les
racines de la violence qui, sinon, pourrait se développer très rapidement.
Lors de la réunion a été mise en relief la bonne renommée dont jouissait
la communauté chrétienne jusqu'ici. « Nous n'avons commis aucun crime
a souligné le P. Ferrera. Il a ajouté que les services de l'Eglise catholiques
bénéficient à toute la population sans aucune discrimination. L'école
gérée par la mission, seul établissement scolaire de la région, accueille
800 élèves dont près de 90 % ne sont pas de religion catholique.
Jusqu'à présent, les chrétiens d'Alirajpur n'avaient jamais eu à se
plaindre de tels incidents. Selon les statistiques de 2001, ils sont
au nombre de 250 familles, à savoir un dixième de la population de la
ville (25 200 familles), population qui, pour sa majorité, est issue
des minorités ethniques de la région. La majorité des chrétiens appartiennent
à l'Eglise de l'Inde du Nord qui est une Eglise protestante; toutefois,
la majorité des établissements éducatifs ou caritatifs est gérée par
des catholiques.
Les fondamentalistes hindous, en particulier le "Rashtriya Swayamsevak
Sangh" (Corps national des volontaires, RSS), particulièrement
actif dans la région, continuent d'attribuer aux chrétiens la responsabilité
des derniers événements. Le secrétaire local, Deepak Jain, accuse ceux-ci
d'opprimer les hindous, de refuser leur admission dans les écoles chrétiennes
et d'importuner leurs femmes.
Selon les chrétiens locaux, voilà près de dix ans que les groupes fondamentalistes
hindous répandent de telles calomnies sans emporter la conviction de
la population. En effet, de nombreux hindous s'attristent de voir les
établissements catholiques fermer leurs portes à cause des derniers
événements, sans pouvoir manifester ouvertement leurs sentiments à cause
de la crainte que fait peser sur eux la violence des extrémistes. (source
: eda)
Pour plus d'informations s'adresser à : Eglises
d'Asie
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