24.04.04
- L'Instruction romaine sur l'Eucharistie.
Lire et rendre compte de plus de 70 pages, en dépassant les
a-priori de l'immédiat culturel pour rejoindre l'essentiel, le
Corps et le Sang du Christ et le caractère ecclésial de
l'Eucharistie, c'est un défi auquel aucune simple dépèche
ne peut correspondre.
C'est la "mise en valeur du rôle de chacun", disent les évêques de Suisse
en donnant quelques clés de lectures. "Ce que l'Eglise peut avoir
de plus précieux", dit Mgr Robert Le Gall, dans la présentation
de la Conférence des évêques de France. "La
liturgie : dimension intérieure et extérieure", résume le
cardinal Danneels. "Les normes liturgique sont l'expression de
l'unicité et de l'indivisibilité du Corps eucharistique
du Seigneur qui implique l'unicité de son Corps mystique qu'est
l'Egflise une et indivise", souligne Mgr Angelo Amato, secrétaire
de la Congrégation pontificale pour la Doctrine de la Foi, en
présentant ce document à la conférence de presse
le 23 avril.
Dans l'impossibilité de résumer huit chapitres et 186
paragraphes, nous vous donnons ici l'intégralité du document
publié par la Conférence des évêques catholiques
du Canada. Les notes suivantes sont destinées aux pasteurs et aux fidèles
pour leur réflexion. Celles-ci ont été préparées par l’Office national
de liturgie du Secteur français de la Conférence des évêques catholiques
du Canada, en consultation avec l’Office national de liturgie du Secteur
anglais. Elles sont directes et simples pour aborder au mieux ce document
romain.
"La nature du document. Ce document
est une instruction d’une congrégation, approuvée par le Souverain Pontife
sous forme ordinaire. Elle n’appartient pas au droit législatif, mais
s’apparente à un acte de droit administratif. Sa nature disciplinaire
est marquée par son sous-titre : "sur certaines choses à observer
et à éviter concernant la très sainte Eucharistie ". Le document
ne fournit ni catéchèse ni théologie de l’eucharistie. Le vocabulaire
utilisé est nettement du côté disciplinaire. Ainsi, dans la version
française, le terme « norme/s » revient 66 fois alors que celui de formation
n’apparaît que quatre fois."
" Le premier chapitre, « Le gouvernement de la Sainte Liturgie
», constitue un résumé des grands principes du droit liturgique et le
8e et dernier, « Les remèdes », traite des procédures et des sanctions
en cas d’abus liturgiques. L’instruction renvoie à plusieurs autres
documents ("Sacrosanctum Concilium", "Dies Domini"
et "Ecclesia de Eucharistia") pour une réflexion de nature
théologique ou catéchétique.
L’objet du document. L’objet est clairement
précisé au no 2 : traiter de « certaines questions se rapportant à la
discipline du Sacrement de l’Eucharistie » sans « présenter l’ensemble
des normes relatives » à celle-ci et en indiquer d’autres « qui explicitent
et complètent les précédentes ». En cela, l’instruction n’innove pas,
elle constitue un rappel des normes déjà existantes et en précise la
portée au besoin. La lecture montre que la Congrégation vise à contrer
et à corriger un certain nombre d’abus, à stimuler le respect intégral
des normes liturgiques. « Tous ont l’obligation de se conformer aux
dispositions, qui proviennent de l’autorité ecclésiastique légitime
» (no 7).
Ces abus sont abordés plus explicitement à la fin du document. Il s’agit
des délits plus graves qui portent atteinte à la sainteté de l’Eucharistie;
ceux-ci doivent être dénoncés à la Congrégation qui est la seule autorité
apte à les traiter (no 172). Pour les autres types d’abus moins graves,
certains peuvent mettre en danger la validité ou la dignité du sacrement
(no 173).
Enfin, une dernière catégorie est celle des normes contenues dans les
livres liturgiques; ces abus doivent aussi être corrigés (no 174-175).
Dans chacun des chapitres, on trouve l’énumération de nombreuses pratiques
abusives. La lecture de la table des matières permet de suivre les questions
abordées.
Les destinataires du document. En principe,
toute l’Église latine et en elle, toutes les catégories de fidèles.
- Les évêques. On leur rappelle qu’en vertu de leur mission d’organisateur,
de promoteur et de gardien de toute la vie liturgique de leur diocèse
(no 19), ils doivent procéder à une enquête chaque fois qu’on porte
à leur connaissance un délit ou un abus vraisemblablement commis à l’encontre
de la très sainte Eucharistie (no 178).
- Les prêtres. Ils sont très explicitement visés. On leur reproche une
mauvaise compréhension de la créativité et de l’adaptation en liturgie,
suite au concile (no 30). Les abus ainsi provoqués ont été « motifs
de souffrance pour beaucoup ».
- Les diacres. Ils ont l’obligation de suivre les normes liturgiques
contenues dans les rituels (no 35).
- Les fidèles laïcs. On leur rappelle qu’ils ont droit à une action
liturgique « qui exprime la vie de l’Église selon sa tradition et sa
discipline » (no 11).
- Tous les fidèles. Tous ont le droit de se plaindre des abus liturgiques
auprès de l’évêque du lieu ou auprès du Siège apostolique (no 184).
Mais le document suggère de commencer auprès de l’évêque du lieu.
Quelques rappels heureux. Le document
aborde des questions très diverses et d’importance variable. À l’occasion,
l’instruction rappelle quelques principes législatifs ou liturgiques
utiles pour évaluer les situations. En voici une brève énumération.
- Rôle de l’évêque de veiller à préserver la liberté prévue pour des
célébrations adaptées au lieu, au groupe de fidèles et aux circonstances
pastorales. (no 21)
- Les prêtres doivent cultiver la science et l’art liturgiques. (no
33)
- Promouvoir et manifester la participation active des fidèles en utilisant
l’espace laissé à une liberté d’adaptation opportune aux besoins des
participants. (no 39) - Importance de maintenir l’échange de la paix
avant la communion. (nos 71-72)
- Que les fidèles puissent communier avec des hosties consacrées au
cours de la messe à laquelle ils participent. (no 89)
- Que la communion sous les deux espèces manifeste plus clairement la
plénitude du signe dans le banquet eucharistique. (no 100)
- Qu’il ne faut pas multiplier les messes, contre la norme du droit.
(no 116)
- La purification des vases peut se faire aussi à la crédence. (no 119)
- Dans le cas des "ADAP", assemblées en l'absence de
prêtres, que l’évêque diocésain doit évaluer avec prudence s’il
faut ou non distribuer la communion; que ces célébrations soient animées
par une équipe plutôt que par une seule personne. (no 165)
- Pour les célébrations en semaine, attention à la question de la distribution
de la communion en dehors de la messe. (no 166)
- Le remède contre les abus : la formation biblique et liturgique de
tous. (no 170)
Quelques abus signalés par l’instruction. Tous
ces abus n’ont pas la même gravité; il convient d’en évaluer l’importance.
Outre les cas très graves de sacrilège, de simulation, de concélébration
avec des ministres en dehors de la succession apostolique, mentionnons
quelques abus :
- L’usage d’un pain eucharistique qui ne soit pas de pain azyme de pur
froment. (no 48)
- L’usage d’utiliser une autre boisson que le vin naturel de raisins,
pur et non corrompu. (no 50)
- L’usage de prières eucharistiques non autorisées ou le fait d’en composer.
(no 51)
- La musique durant la prière eucharistique, sauf les acclamations dûment
approuvées. (no 53)
- Le fait de rompre le pain eucharistique au moment du récit de l’institution
ou de la consécration. (no 55)
- L’omission des noms du Pape et de l’évêque dans la prière eucharistique.
(no 56)
- L’introduction de changements ou de variations dans les textes liturgiques
officiels. (no 59)
- Séparer la liturgie de la Parole de la liturgie eucharistique par
un intervalle de temps ou par un changement de lieu. (no 60)
- Des laïcs ne peuvent prononcer l’homélie. (no 64) Ni les séminaristes,
ni les étudiants en théologie, ni les « assistants pastoraux ». (no
66)
- L’utilisation de professions de foi autres que celles approuvées dans
les livres liturgiques. (no 69)
- Joindre un repas ordinaire à la célébration de l’eucharistie. (no
77)
- Que les fidèles laïcs prennent eux-mêmes le pain eucharistique ou
la coupe, ou se les transmettent de main à main; que les époux se donnent
réciproquement la communion à leur mariage. (no 94)
- Distribuer des hosties non-consacrées ou autres choses comestibles
à l’instar de la communion. (no 96). (source : cecc)
Pour plus d'informations, les différentes présentations
et le texte :
Service de presse du Vatican Conférence
des évêques de France Conférence
des évêques de Suisse Conférence
des évêques du Canada Conférence
des évêques de Belgique
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