Infocatho


13.05.04 - Nigeria : Les affrontements continuent.

Au moins deux églises ont été incendiées et des civils tués (entre 1 et 10 selon les sources) et blessés dans des affrontements survenus le mardi 11 mai à Kano, dans l'Etat de Kano, au nord du Nigéria et deuxième ville nigériane.

Les violences ont explosé durant une manifestation organisée par des musulmans pour protester contre les faits du 2 mai à Yelwa, dans l'Etat du Plateau, où de présumés groupes chrétiens armés ont attaqué des Fulani, des éleveurs de bétail essentiellement musulmans, faisant 200 morts, selon le bilan gouvernemental.

Durant la manifestation à Kano, une église catholique et la résidence adjacente ont été détruites par les flammes et une église chrétienne a été incendiée. Personne ne se trouvait dans les lieux de culte au moment des attaques. Un journaliste de l'Agence France Presse dit avoir compté 10 cadavres dans la zone de Gyadi-Gyadi et de l'université de Bayero, où des individus auraient agressé des personnes suspectées d'être chrétiennes.

"Le climat semble plus calme à présent, mais ce qui s'est passé est très grave" ajoute l'agence Misna. a plupart de magasins de Kano étaient restés fermés en prévision de la manifestation, durant laquelle les musulmans voulaient demander au gouvernement de désarmer les prétendues milices chrétiennes.

En réalité, le facteur religieux n'est qu'une pièce du puzzle ethnique, social et politique au Nigeria, qui avec 120 millions d'habitants et 250 ethnies, est le pays le plus peuplé de l'Afrique. Les affrontements de Yelwa ont ravivé une tension latente due à diverses facteurs de confrontation, par exemple entre éleveurs et agriculteurs, nomades et sédentaires, sudistes et nordistes. Dans le Plateau, en 2001, plus de mille personnes furent tuées à Jos et plus de mille personnes ont été tuées au cours de ces trois derniers mois.

D'autre part, on établit à la baisse le bilan des affrontements qui se sont produits au début du mois de mai à Yelwa, dans l'Etat de Plateau, au centre du Nigéria. Le bilan a été réduit parce que plusieurs centaines de réfugiés sont rentrés à Yelwa, des femmes et des enfants surtout, que l'on croyait tués durant les affrontements.

La réduction du bilan ne diminue pas la gravité des violences, pour la raison aussi que l'Etat de Plateau est sujet à des épisodes périodiques de violence. "Nous ne cesserons jamais de répéter, disent les correspondants de l'agence Fides, que la dimension religieuse du conflit est seulement une des raisons de la violence, et pas du tout la principale. C'est là une guerre entre pauvres pour le contrôle des terres entre agriculteurs et bergers".

" Malheureusement, le conflit a aussi une dimension ethnique et religieuse, parce que, au centre des violences il y a les ethnies de Fulanis, qui se consacrent à l'élevage du bétail, qui luttent pour le contrôle des terres meilleures contre les Taroks, agriculteurs chrétiens. Le Nigéria est un pays où l'on note fortement la contradiction qui découle de la présence de richesses, comme le pétrole, et la pauvreté d'une grande partie de la population."

" Il y a une grande corruption, et l'accaparement des ressources par un petit nombre de personnes. Dans ce contexte, la colère grandit ainsi que le sens de frustration de couches sociales toujours plus grandes. Il suffit d'un rien pour provoquer une flambée de violence. On comprend alors qu'il est tout à fait insuffisant de présenter les affrontements comme des conflits de religion. En réalité, dans l'Etat de Plateau, les dirigeants chrétiens et musulmans ont de bons rapports. Le noeud est donc politique, social et économique. Tant qu'on n'aura pas résolu ces problèmes, il y aura d'autres explosions de violence." concluent ces correspondants. (source : fides/misna)

Pour plus d'informations : Agence Misna Agence Fides

Retour