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19.05.04 - Le patriarcat de Moscou et l'Eglise "hors-frontière".

Le patriarcat de Moscou et l'Eglise russe "hors frontières" ont ont pris mardi à Moscou le chemin du rapprochement, vivement souhaité par le patriarche Alexis II, mais qui risque de se heurter à la méfiance d'une partie du clergé émigré.

Les participants aux pourparlers, qui se sont tenus lundi 17 et mardi 18 mai au monastère Saint Daniel de Moscou, ont "exprimé le désir commun du Patriarcat de Moscou et de l'Eglise russe "hors frontières" de dépasser la division tragique de la nation, apparue à la suite de la Révolution et de la guerre civile, et de parvenir à recréer la communauté eucharistique et l'unité canonique au sein d'une seule Eglise orthodoxe russe locale, dont l'Eglise russe "hors frontières" s'est toujours considérée partie intégrante", selon un communiqué conjoint.

Au début des travaux de mardi, le patriarche Alexis II avait relevé, après avoir déclaré que "les causes de la séparation avaient disparu", que "l'Eglise était libre aujourd'hui", "l'Etat ne s'immisçait pas dans sa vie intérieure" et leurs rapports étaient empreints de "respect mutuel". La presse n'a pu entendre le discours d'introduction que devait prononcer ensuite le métropolite Lavr. Arrivé vendredi dernier à Moscou, Mgr Lavr avait rencontré le même jour le patriarche Alexis et tous se sont retrouvés le lendemain à Boutovo dans le sud de la capitale, lieu d'exécution de nombreuses personnes persécutées sous le régime communiste, où le patriarche a célébré un service religieux.

Les pourparlers ont permis de fixer des objectifs précis à la commission conjointe créée en décembre dernier et chargée de régler les sujets litigieux entre les deux communautés religieuses. Ainsi, la commission, comprenant quatre membres de chaque côté, travaillera sur "les relations entre l'Eglise orthodoxe et l'Etat; les relations entre l'Eglise d'une part, les autres confessions et les organisations interconfessionnelles d'autre part; le statut de l'Eglise russe "hors frontières" en tant que partie autogérée de l'Eglise orthodoxe russe; les conditions canoniques pour le rétablissement de l'unité eucharistique".

Le métropolite Kirillde Smolensk, pour le Patriarcat, et l'archevêque de Berlin, Mgr Mark, pour la diaspora, ont confirmé au cours d'une conférence de presse leur satisfaction du déroulement des entretiens et leur refus de fixer une date butoir pour l'aboutissement du processus. Malgré leur optimisme affiché, les deux parties, réalistes, ont mis en garde dans leur communiqué contre des "manifestations d'hostilité" qui risqueraient de nuire au processus de rapprochement. La prochaine réunion de la commission conjointe devrait se tenir en juin à Moscou.

L'Eglise orthodoxe russe"hors frontières" a été créée dans les années 1920 par le clergé ayant fui la Russie bolchevique en même temps que quelque 2,5 millions de personnes. Jusqu'à aujourd'hui, une partie du clergé émigré se méfie encore de la hiérarchie nationale, soupçonnée d'avoir eu des relations suivies avec le KGB. Sur le plan formel, plusieurs hiérarques de la diaspora souhaitent, en guise de préalable, que le patriarcat condamne formellement une déclaration de 1927 du patriarche Sergueï exprimant sa soumission au pouvoir soviétique.

Malgré leur optimisme affiché, les deux parties, réalistes, ont mis en garde dans leur communiqué contre des "manifestations d'hostilité" qui risqueraient de nuire au processus de rapprochement. L'une des questions "administratives" reste la propriété des biens appartenant à l'Eglise russe "hors frontières", comme c'est le souhait, d'ailleurs, du patriarcat de Moscou vis-à-vis d'autres instances canoniques russes indépendantes de Moscou en Europe occidentale.

La prochaine réunion de la commission conjointe devrait se tenir en juin à Moscou. L'Eglise orthodoxe russe à l'étranger compterait quelque 230 paroisses dans le monde entier et une vingtaine en Russie même. L'activité de ces dernières, source parfois de tensions avec l'Eglise locale, devrait faire également objet des entretiens de Moscou. (source : pom)

Pour plus d'informations : Service orthodoxe de presse

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