19.05.04
- Réflexions sur la famille
et le mariage.
Au moment où le mariage entre homosexuels suscite polémique
et prise de position de la part des politiciens français, la
Fédération protestante de France rappelle les éléments
de réflexion sur la famille, la conjugalité et la filiation qu'elle
avait publiés en septembre 1998.
Voici quelques extraits d'un document plus étendu de ce que citons
ici et que nous invitons à relire sur le site de la FPF.
" .Devant ce que l'on appelle, peut-être un peu rapidement, "l'inadaptation
du code civil à l'évolution des moeurs", plusieurs propositions, émanant
de juristes, de politiques, de sociologues, sont entrées en débat, Car
pour nous, le mariage n'est pas un sacrement de l'Eglise, c'est un acte
civil et civique fondamental, l'apprentissage par excellence du lien
social.
" Nous voulons refuser la séparation entre des passions désinstituées
et une institution réduite à l'utilitaire, qui pareillement nient le
temps et la possibilité des conflits conjugaux. Et proposer le mariage
comme institution du sentiment, comme acte civil qui institue l'égalité,
tisse le lien social, et fait de l'amour une courtoisie, une intrigue
où les discordances font partie de l'accord, de sa durabilité même,
de sa capacité à se réinterpréter dans les circonstances de la vie.
" Remarques sur la conjugalité homosexuelle : Ceci dit sur le mariage
et le concubinage dans la conjugalité hétérosexuelle, qui est de loin
le plus important, il nous paraît nécessaire d'ouvrir au passage le
débat quant à la conjugalité homosexuelle. Au fond, nous avons affaire
à une demande de "reconnaissance publique" d'une conjugalité homosexuelle.
Il faut entendre cette demande, tant au plan des Eglises qu'à celui
de l'Etat, l'accompagner et lui faire place.
" Face à cette demande, la diversité des protestants les porte
à osciller entre une position plutôt favorable à l'institutionnalisation
de couples homosexuels, qu'il faut créditer d'un désir de vivre-ensemble
heureux et durable, et une position qui ne voudrait pas que l'on noie
dans un doux mélange des formes de conjugalité, l'importance, pour les
plus fragiles dans la conjugalité ou dans la filiation, des interdits
sexuels et de l'institution du mariage.
" 1.- On peut en effet insister d'une part sur le fait que dans
une société où les liens sociaux et économiques sont de plus en plus
précaires, tout ce qui contribue à des engagements plus durables, et
à la réinvention de formes de fidélité où l'attachement mutuel des personnes
va au-delà de leurs différences sexuelles, doit être soutenu. Bien des
textes bibliques d'ailleurs s'attachent aux personnes dans leur singularité
et sans considération de sexe, de langue, de races, ou autres.
" 2.- On peut de l'autre côté exprimer une réticence due au fait
qu'un tel contrat ne saurait se substituer au mariage, acte civil et
politique fondamental, qui tisse les différences et notamment qui articule
ensemble la différence des sexes et la différence des générations. On
connaît d'ailleurs l'importance accordée par bien des textes bibliques
à cette bénédiction généalogique.
" Le document de la FPF de 1994 sur l'homosexualité développait
déjà ces deux points en subordonnant le premier au second, pour une
raison qu'il faut maintenant préciser, et qui touche à l'institution
de la filiation.
" Sur la filiation . Remarque préalable sur l'interdit de la filiation
pour les couples homosexuels : Si les positions protestantes se distribuent
entre les deux limites précédemment décrites, il semble en effet qu'elles
convergent nettement sur un point : un tel contrat ou une telle reconnaissance
ne saurait donner droit et forme juridique à l'adoption ni aux PMA pour
des couples homosexuels. Il y a d'autres moyens pour ces derniers d'avoir
eu des enfants, issus d'une conjugalité hétérosexuelle antérieure, ou
d'en avoir présentement !
" Mais ce fait reste du ressort moral de chacun, sur lequel il
est vain de légiférer, et le droit a une toute autre fonction : celle
d'articuler sans cesse la recherche de l'égalité, notamment dans les
capacités données à chacun, et le souci des différences, notamment dans
la protection des plus faibles : les enfants ne sont pas seulement des
êtres désirables, et encore moins des êtres auxquels d'autres êtres
auraient droit pour s'accomplir pleinement, mais des êtres qui simplement
"arrivent". Et envers qui, parce qu'ils n'ont rien demandé, les parents
ont des obligations qu'ils ne peuvent librement définir à volonté.
" Nous affirmons cela pour deux raisons que l'on peut soutenir
séparément, car elles peuvent se trouver en conflit :
" 1. Les uns estiment, au nom d'une éthique de responsabilité envers
le "fragile", et d'un principe de précaution, que nous ne savons pas
à quoi nous touchons en ébranlant cet ordre symbolique immémorial.
" 2. Les autres ne croient pas que ce soit là un ordre "naturel"
au sens biologique ou vitaliste du terme, mais justement, parce que
l'histoire de la condition humaine montre qu'elle est en notre main,
et que nous en sommes responsables, il n'est pas possible de laisser
croire que cette condition humaine soit malléable à merci. Une telle
modification des structures de la filiation n'est pas crédible durablement.
" Cet interdit jeté sur la filiation pour des couples homosexuels
concerne probablement aussi les personnes seules qui voudraient avoir
un enfant par PMA ou par adoption. Les familles monoparentales existent
par le fait de circonstances souvent malheureuses, mais le projet d'un
foyer monoparental pose problème parce que cela supprime a priori la
place de l'autre au foyer.
" On peut dire ainsi qu'il n'y a famille et possible filiation
qu'autant que la "place" est faite aux deux parents, dans leur différence,
à la fois dans l'espace, dans le temps, dans la mémoire et les projets
de l'enfant. Cela concerne d'ailleurs tous les couples parentaux, qui
ont finalement affaire aux mêmes difficultés. (source : fpf)
Pour plus d'informations : Fédération
Protestante de France
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