24.05.04
- RD Congo : On s'empare des richesses.
" L'Afrique post coloniale s'est transformée après le lever du soleil
des indépendances, en un vaste théâtre caractérisé par une violence
inouïe, qui ne cesse de semer la mort et la désolation ".
C'est ainsi que le Cardinal Frédéric Etsou, archevêque de Kinshasa et
Président de la Conférence Episcopale du Congo, introduit une analyse
détaillée des guerres qui affligent la Région des Grands Lacs au cour
de l'Afrique, dans un document envoyé à la Rencontre " Développement
économique et social de l'Afrique dans une ère de globalisation ", rencontre
organisée par le Conseil Pontifical "Justice et Paix".
La Région des Grands Lacs comprend la République Démocratique du Congo,
le Rwanda et le Burundi, pays bouleversés par plusieurs années de conflits
qui ont fait des millions de morts. D'après le Cardinal Etsou, les raisons
principales de ces guerres sont économiques : " Cette Région est un
grenier économique qui déborde de ressources naturelles abondantes.
Parmi elles il y a l'eau, considérée aujourd'hui comme " l'or bleu "
et dont l'exploitation inteligente pourrait entraîner un développement
économique important ".
La région est en effet riche en eau par la présence du Fleuve Congo,
de nombreux lacs, et des sources du Nil. En plus de l'eau, le Cardinal
fait remarquer la présence d'importantes ressources minières : " or,
cuivre, diamants, coltan, etc. dont on peut comprendre l'importance
pour l'économie mondiale ". Le Cardinal note aussi " la découverte du
pétrole dont les réserves, selon les spécialistes, pourraient être égales
à celles des pays arabes ".
Parmi les autres richesses de la région, le Cardinal cite l'agriculture
et les forêts, riches en bois précieux. Face à l'abondance des ressources,
le Cardinal déclare : " La dimension économique des conflits armés dans
la Région des Grands Lacs ne peut être niée. Il y a des ramifications
des conflits locaux qui mènent à des grandes puissances mondiales, et
à des entreprises influentes dans le monde économique. Considérant l'arsenal
des armes de guerre des parties en conflit, et les liens occultes dont
disposent certains milieux, il est impensable que le déchaînement de
ces conflits soit provoqué seulement par des intérêts locaux ".
Le Cardinal déclare : " Des forces obscures qui cherchent à exploiter
les ressources de la région, utilisent les frustrations ethniques et
leur corollaire, la pauvreté, pour alimenter les conflits. Ils attisent
la haine ethnique inventée de toutes pièces pour mettre le feu aux poudres
qui restent dans l'ombre. La manipulation est une arme redoutable. Elle
joue un rôle nocif dans la formation des milices qui tuent, pillent,
volent et violent. Les auteurs de ces manipulations sont souvent les
dirigeants ethniques qui se sont proclamés tels eux-mêmes et qui sont
liés avec les appareils d'Etat des pays voisins. Les 'seigneurs de la
guerre' sont aveuglés par le gain facile. Au lieu de chercher le bien
commun, ils veulent s'enrichir en prenant le raccourci de la violence
".
" L'Eglise prend part aux tentatives de pacification et de réconciliation
en conformité à sa mission évangélisatrice " déclare le Cardinal. Les
efforts de l'Eglise consistent dans la participation aux négociations
politiques, dans les appels adressés par les Evêques de la région aux
populations locales et à la communauté internationale, et surtout à
promouvoir une véritable culture du pardon. (source : fides)
Pour plus d'informations : Agence Fides
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