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29.05.04 - Soudan : Ceux qu'oublient cette signature.

Avec l'accord sur le partage du pouvoir et la définition du statut des trois zones faisant l'objet de litiges entre le gouvernement soudanais et l'Armée de libération populaire du Soudan (SPLA) les négociations engagées en juin 2002 au Kenya se sont de fait conclues.

Elles devraient permettre de mettre le mot "fin" au plus long conflit civil africain: celui du Sud Soudan, qui en vingt ans de combats a causé la mort de plus de deux millions de personnes. Maintenant que toutes les questions ouvertes entre le nord et le sud ont été réglées, il ne reste qu'à définir les procédures d'application, avant d'en arriver à la signature d'un accord de paix définitif et formel.

Malgré les pressions, dans l'entente signée hier devant les diplomates et les nombreux médiateurs, aucune référence n'est faite à l'autre conflit en cours dans le plus vaste pays africain, celui qui a éclaté en février 2003 dans la région occidentale soudanaise isolée du Darfour. Et ce silence paraît grave à tous les observateurs.

La signature a été tout de même accueillie avec un long soupir de soulagement par la communauté internationale, d'autant que pendant dix heures d'attente on avait craint le pire: en effet le cérémonie, prévue à 13h, s'est tenue dix heures plus tard dans le luxueux hôtel de Naivasha (à environ 70 kilomètres de la capitale kenyane Nairobi) où vers 23h seulement le leader des rebelles, John Garang, et le vice président soudanais, Ali Osman Mohamad Taha, ont apposé leur propre signature au bas des protocoles en question.

Selon les divers accords signés ces mois ci, les parties en présence sont parvenues à définir l'organisation du Soudan durant la phase de transition: un gouvernement d'unité nationale pour six ans et demi, avec ensuite un référendum au sud afin de parvenir à une éventuelle indépendance; l'applicabilité de la loi islamique au nord seulement (mais pas à Khartoum, qui restera la capitale durant l'unité nationale, hébergeant les bureaux parlementaires et gouvernementaux); une entente sur la distribution des revenus pétroliers; un accord sur le déploiement des forces militaires (qui ne seront pas unifiées, ou ne le seront que partiellement) dans les divers secteurs du pays.

Reste à comprendre si les développements sur le chemin de la paix dans le Sud Soudan pourront également avoir une retombée positive sur le conflit du Darfour. "Tout accord nous excluant ne pourra jamais porter à une paix véritable" avait déclaré il y a quelques jours seulement au quotidien soudanais "al-Hayat", Abdel Wahed Mohammad Ahmad Nour, chef de l'Armée-Mouvement de libération du Soudan (SLA-M) le groupe rebelle du Darfour qui en février 2003 a levé le premier les armes contre Khartoum.

Des paroles préoccupantes qui n'ont certainement pas échappé au secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, qui dans un communiqué à peine diffusé exprime sa "satisfaction pour l'entente siglée entre Khartoum et la SPLA" mais demande aux protagonistes du conflit au Darfour de résoudre la crise de la région occidentale soudanaise le plus vite possible.

Depuis 1983 le sud du Soudan est le théâtre d'une guerre dans laquelle les intérêts pétroliers se mêlent aux revendications de la population noire, animiste et chrétienne du sud d'une majeure autonomie du nord arabe, blanc et musulman. Les affrontements armés et les famines ont provoqué au moins deux millions de morts et des centaines de milliers de déplacés. (source : misna)

Pour plus d'informations : Agence Misna

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