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24.05.04 - Beaucoup de chemin reste à parcourir .

Jean Paul II a déclaré dimanche que chrétiens et juifs avaient "encore beaucoup de chemin à parcourir" sur la voie de la paix, à l'occasion des 100 ans de la grande synagogue de Rome où il avait effectué une visite historique en 1986.

Le cardinal Ruini a lu le message du pape. "Depuis plus de deux mille ans, votre communauté fait partie intégrante de la vie de l'Urbs : celle-ci peut se vanter d'être la communauté juive la plus ancienne de l'Europe occidentale, et d'avoir eu une fonction importante pour la diffusion du judaïsme sur ce continent. C'est pourquoi la commémoration d'aujourd'hui assume une signification particulière pour la vie religieuse, culturelle et sociale de la capitale, et ne peut pas ne pas avoir une résonance tout à fait spéciale aussi dans le coeur de l'évêque de Rome ! "

... "La fête d'aujourd'hui, à la joie de laquelle nous nous unissons tous, soulignait le message du pape, rappelle le premier siècle de ce majestueux temple majeur, qui, dans l'harmonie de ses lignes architecturales, se dresse sur les rives du Tibre comme un témoignage de foi et de louange au Tout-Puissant. La communauté chrétienne de Rome participe avec vous, à travers le Successeur de Pierre, à l'action de grâce au Seigneur pour cet heureux anniversaire."

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Ce ne sont pas seulement les Ecritures saintes, que nous partageons pour une large part, pas seulement la liturgie, mais aussi de très anciennes expressions artistiques qui témoignent du lien profond que l'Eglise a avec la Synagogue, du fait de cet héritage spirituel, auquel, sans qu'il soit ni divisé, ni répudié, ceux qui croient dans le Christ ont participé, et qui constitue un lien indissociable entre nous et vous, le Peuple de la Torah de Moïse, le bon olivier sur lequel a été greffé une branche nouvelle" (cf. Rm 11,17)".

... "Au cours du Moyen Age, certains de vos grands penseurs, comme Yehuda ha-Levi et Moïse Maimonide, ont cherché à scruter de quelle façon il était possible d'adorer ensemble le Seigneur et de servir l'humanité souffrante en préparant ainsi les chemins de la paix. Le grand philosophe et théologien bien connu de saint Thomas d'Aquin, Maimonide de Cordoue (1138-1204), dont nous rappelons cette année le huitième centenaire de la disparition, a exprimé le souhait qu'une meilleure relation entre Juifs et Chrétiens puisse conduire "le monde entier à l'adoration unanime de Dieu, comme il est dit: "Alors je donnerai un peuple aux lèvres pures, pour qu'ils servent le Seigneur épaule contre épaule" (Sophonie 3, 9)". (Mishneh Torah, Hilkhot Melakhim XI, 4, Jérusalem, éd. Mossad Harav Kook)".

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L'Eglise catholique, avec le concile ocuménique Vatican II, ouvert par le bienheureux pape Jean XXIII, en particulier après la Déclaration Nostra aetate (28 octobre 1965), vous a ouvert les bras, se souvenant que "Jésus est juif et l'est pour toujours"
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... " Ces relations amicales, renforcées et accrues après les assises conciliaires du siècle dernier, nous voient unis dans le souvenir des victimes de la Shoah, et spécialement de ceux qui, en octobre 1943 ont été arrachés à leurs familles et à votre chère Communauté juive romaine pour être internés à Auschwitz. Que leur souvenir soit une bénédiction et nous pousse à agir en frères. C'est par ailleurs un devoir de se souvenir de tous ces chrétiens qui, sous l'impulsion d'une bonté naturelle et d'une rectitude de conscience, soutenus par la foi et par l'enseignement évangélique, ont réagi avec courage, en cette Ville de Rome aussi, pour porter secours concrètement aux juifs persécutés, en leur offrant solidarité et aide, parfois même au risque de leur vie."

" Que leur mémoire bénie reste vivante, avec la certitude que pour eux, comme pour tous les "justes des nations", les "tzaddiqim", une place est préparée dans le monde f utur, à la résurrection des morts. On ne peut pas non plus oublier, à côté des déclarations officielles, l'action, souvent cachée, du Siège Apostolique, qui, de multiples façons, est venu en aide aux juifs en danger, comme cela a été reconnu aussi par leurs représentants autorisés."

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"Nous devons encore parcourir beaucoup de chemin ensemble: le Dieu de la justice, de la paix (...) et de la réconciliation, nous appelle à collaborer sans hésitation dans notre monde contemporain lacéré par les affrontements".

Le pape a fait part de sa "préoccupation et sa douleur face à la violence qui continue à marquer la Terre Sainte et au sang innocent versé par les Israéliens et les Palestiniens". "Nous voulons élever aujourd'hui une prière fervente vers l'Eternel, dans la foi et dans l'espérance au Dieu de Shalom, afin que l'inimitié n'entraîne plus dans la haine ceux qui se réclament de leur Père Abraham, - juifs, chrétiens, et musulmans - et qu'elle cède la place à la claire conscience des liens qui nous tiennent et de la responsabilité qui pèse sur les épaules des uns et des autres."

..." Le Dieu de la justice et de la paix, de la miséricorde et de la réconciliation nous appelle à collaborer sans hésitation dans le monde contemporain, déchiré par les affrontements et les inimitiés. Si nous savons unir nos cours et nos mains pou r répondre à l'appel divin, la lumière de l'Eternel nous rapprochera pour éclairer tous les peuples en nous montrant les chemins de la paix, de la Shalom. Nous voudrions les parcourir d'un seul coeur". (source : vis)

Pour plus d'informations : Service de presse du Vatican

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