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02.06.04 - USA : Franchise, désaccord et diplomatie.

George Bush, qui vient en Europe pour célébrer le 60e anniversaire de la libération à la fin de la deuxième guerre mondiale, a demandé une audience spéciale avec le pape dans un contexte qui ne permet pas des phrases inutiles.

Le 27 janvier dernier, le vice-président des États-Unis Dick Cheney offrait à Jean-Paul II une petite colombe de cristal, à l'issue d'une brève audience de douze minutes. Le soir, on relevait dans les ambassades que ce bref entretien ne donnait lieu ni à un titre ni à une photo à la une de "L'Osservatore Romano". L'information tenait en dix lignes, en page cinq, alors que le quotidien du Vaatican consacrait un ample compte rendu assorti de deux photos de l'audience accordée à des universitaires polonais de Szczecin. Si la colombe présentée par le "faucon" américain se voulait un gage de bonne volonté, le silence du quotidien du Saint-Siège confirmait la désapprobation papale de la guerre en Irak.

Venu en Europe pour le soixantième anniversaire du débarquement en Normandie, George Bush sera lui-même reçu par Jean-Paul II vendredi 4 juin à midi. Une rencontre à laquelle il tenait, puisque le président américain, comme l'a révélé l'ambassadeur des États-Unis près le Saint-Siège, a changé son programme pour s'adapter à celui du Pape, qui part samedi 5 juin en Suisse. Cette audience est d'ailleurs la principale raison de la venue de George Bush à Rome, où une manifestation anti-guerre se déroulera en centre ville. 54 % des Italiens, selon un sondage de l'hebdomadaire Famiglia Cristiana, jugent cette venue inopportune. George Bush n'a pas à craindre de manifestation dans la Cité du Vatican, mais rien n'indique non plus qu'il puisse espérer la moindre inflexion dans le jugement que Jean-Paul II a porté sur la guerre en Irak.

Le cardinal Pio Laghi, 81 ans, qui avait été chargé de remettre en mains propres une lettre du Pape au président américain le 5 mars 2003, rappelé récemment que le Pape l'avait chargé de souligner entre autres choses, que "deux pays chrétiens allaient déclencher un conflit contre un pays arabe musulman, mais laïque, dans lequel une certaine liberté à l'égard des minorités était assurée". Le message, précise le cardinal, ancien nonce à Washington et ami personnel de George Bush père, "se terminait par une invocation au Seigneur afin qu'il inspire le président à suivre le chemin de la paix". Le même jour, place Saint-Pierre, Jean-Paul II avait appelé les dirigeants du monde à un "examen de conscience" et demandé "un effort commun pour éviter à l'humanité un autre conflit dramatique".

L'ambassadeur américain près le Saint-Siège Jim Nicholson commente à sa manière la visite du président américain. La position du président George W. Bush et celle du Vatican "ne sont pas diamétralement opposées sur la question irakienne", a affirmé l'ambassadeur américain auprès du Saint-Siège Jim Nicholson. "Avant toute chose, il est important de clarifier que la position américaine et celle du Vatican ne sont pas diamétralement opposées sur la question irakienne".

Il ajoute même : "Les Etats-Unis partagent complètement la vision du Saint-Siège, exprimée récemment par Mgr Giovanni Lajolo quand il a souligné que l'ONU devrait avoir un rôle important en Irak. Nous sommes aussi en train de procéder à un transfert de souveraineté au peuple irakien d'ici au 30 juin (...) en ce sens, nous partageons pleinement ce que l'archevêque Lajolo a dit à Londres sur la voie à emprunter pour résoudre la situation irakienne".

"Le Saint-Siège comprend les objectifs et les intentions des Etat-Unis", a encore affirmé l'ambassadeur. Lors de leur entretien, le pape et le président Bush discuteront sûrement de la situation en Irak et du Proche-Orient, a indiqué le diplomate américain. "S'il reste du temps, le président voudra affronter la question de la liberté religieuse et de tant d'autres problèmes touchant l'humanité comme la lutte contre le sida".

Questionné par le
magazine "Christianity Today" le 2 juin : "est-ce que vous avez un message spécial à transmettre au pape ?", le président américain répond: "Non. Je serai là pour écouter. Je répondrai. Si j'osais lui transmettre un message ce serait: "Tenez bon !"". Le président Bush précise qu'il a toujours été impressionné lorsqu'il a rencontré le pape. "C'est un homme fort. Il a une présence très forte et c'est un honneur d'être avec lui. C'est vraiment un honneur", déclare-t-il. "Il aura des choses à dire", poursuit George Bush. "Croyez-moi. Il profitera de cette rencontre pour parler d'un problème mondial ou d'une question particulière, et il le fera avec beaucoup d'affection. C'est vraiment quelqu'un qui sait vous mettre à l'aise". (source : apic/vis)

Pour plus d'informations : Service de presse du Vatican

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