05.06.04
- L'attente des gréco-catholiques.
Si, sur le principe, Jean Paul II se déclare favorable à la création
d'un patriarcat grec-catholique en Ukraine, il entend également
tenir compte de la position des autres Eglises chrétiennes orthodoxes,
Moscou et Constantinople principalement.
L'Eglise orthodoxe russe est en effet fermement opposée à l'érection
d'un "Patriarcat de Kiev" pour les quelque 5 millions de catholiques
ukrainiens de rite byzantin. Le Souverain pontife, qui estime beaucoup
l'Eglise "uniate", véritable Eglise martyre sous le régime communiste,
en appelle à la patience face à la pression de la hiérarchie locale.
Mais le pape doit tenir compte des menaces sur le climat œcuménique
avec les Eglises orthodoxes s'il allait de l'avant avec ce projet à
l'étude depuis de nombreuses années.
En recevant le 3 juin le cardinal et archevêque majeur des Ukrainiens
grecs-catholiques, Lubomyr Husar, ainsi que les membres du Synode permanent
de l'Eglise catholique ukrainienne, s'est fermement engagé en faveur
de l'élévation de l'archevêché grec-catholique d'Ukraine en patriarcat,
mais il tenu à leur souligner que cette création ne se ferait
pas sans tenir compte de la position des autres Eglises chrétiennes.
"Je partage votre aspiration à avoir une configuration pleine sur le
plan juridique et ecclésiastique, bien fondée dans la discipline canonique
et conciliaire", a affirmé le pape au cardinal Husar et aux membres
du synode permanent de l'Eglise catholique ukrainienne. "Je la partage
dans la prière et même dans la souffrance, en attendant le jour voulu
par Dieu où je pourrai confirmer, en tant que successeur de l'apôtre
Pierre, le fruit désormais mûr du développement de votre Eglise".
Le projet
d'un patriarcat uniate en Ukraine a fait l'objet de controverses tant
dans le monde catholique que chez les orthodoxes.
Dans une lettre envoyée à Jean-Paul II en novembre 2003 et publiée sur
l'édition grecque du site de son Eglise, Bartholomé Ier avait
alors menacé l'Eglise catholique de geler ses relations avec elle, si
elle décidait d'élever un patriarcat pour les catholiques byzantins
d'Ukraine.
Par ailleurs, le jésuite Robert Taft, grand spécialiste des relations
avec les Eglises byzantines à l'Institut pontifical oriental et plutôt
connu pour ses positions philo-orthodoxes, s'était exprimé en faveur
de la création de ce patriarcat catholique ukrainien dans un entretien
accordé au journal américain National Catholic Reporter, le 6 février
2004. Pour lui, la création de ce patriarcat était une "avancée normale".
Il invitait les Ukrainiens à imposer leur volonté à Rome et refusait
tout principe d'accord préalable avec Moscou.
Suite au voyage en Russie du cardinal Walter Kasper, président du Conseil
pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, en février 2004,
une commission mixte composée de catholiques et d'orthodoxes, a été
mise en place pour étudier et trouver des solutions aux points d'achoppement
entre l'Eglise orthodoxe russe et l'Eglise romaine, en particulier sur
la question du patriarcat ukrainien. "Personne ne peut vouloir honnêtement
détruire tout ce que le pape a construit avec les Eglises orthodoxes",
avait expliqué le cardinal aux journalistes réunis au lendemain de son
retour de Moscou, le 25 février 2004. "Nous prenons bien entendu au
sérieux les arguments de toutes les Eglises orthodoxes, nous devons
y penser vraiment, et nous ne pouvons pas les écarter de la table des
négociations", avait affirmé alors le cardinal.
... "En attendant, a poursuivi le 3 juin
Jean Paul II, vous savez très bien que votre demande est très sérieusement
étudiée, y compris à la lumière des avis des autres Eglises chrétiennes".
"Que cette attente ne soit pas un frein à votre courage". Le pape est
aussi revenu sur la "vitalité" de l'Eglise uniate et sur sa fidélité
au Saint-Siège, insistant sur "la collaboration généreuse" et "l'esprit
de concorde entre le clergé et les laïcs pour conduire une œuvre efficace
d'évangélisation, favorisée par le climat de liberté qui existe aussi
aujourd'hui dans (leur) pays".
L'Eglise orthodoxe russe "apprécie à sa juste valeur" cette décision
du pape de demander au préalable l'avis des autres Eglises chrétiennes,
dans laquelle elle voit son refus de créer un tel patriarcat dans un
proche avenir, a déclaré le numéro deux du département des relations
extérieures du patriarcat de Moscou, le père Vsevolod Tchapline, le
vendredi 4 juin. (source : vis)
Pour plus d'informations : Service de
presse du Vatican
Retour
|