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31.05.04 - France : Mystique et satirique.

Les oeuvres de Mère Geneviève Gallois, religieuse bénédictine (
1888-1962), originale, mystique et satirique, vont être exposée au Musée des Beaux-Arts de Rouen sous le titre "le génie et le voile".

Son père était autoritaire et anticlérical, sa mère pieuse et dépressive. Très tôt, elle a révélé des talents de peintre. A l'école des Beaux-arts de Montpellier, son professeur la renvoie, exaspéré par son indépendance. Arrivée en 1909 à Paris, elle s'arrache à l'académisme des écoles sous l'influence d'une des figures marquantes de Montmartre, Adolphe Willette, qui lui fait découvrir le dessin satirique avec légende, dans lequel elle excelle.

Elle peint alors des scènes de rue. C'est souvent très drôle, car elle est traversée par la conviction que "la médiocrité est la reine du monde". En 1915, elle peint "un homme fait à l'image de Dieu" qui n'a rien de l'image consacrée du divin: un brave homme avec un chapeau et une moustache. Elle peint des "saintes femmes" à l'horrible dévotion affichée. Pendant des années, elle a "tourné autour de Dieu, ne fût-ce que pour m'en moquer". "Mais Dieu est patient", affirme-t-elle un jour.

Elle rejoint le couvent des bénédictines de la rue Monsieur, à Paris en 1917, la Grande Guerre ayant précipité sa crise spirituelle. En fait, elle n'est pas bien reçue par les soeurs du couvent, qui ont du mal à comprendre cet être inclassable. Elle ne sera autorisée à prononcer ses voeux temporaires qu'en 1933 et ses voeux définitifs en 1939.

Pendant des années sa vie artistique se limite à de menus travaux, des ornements liturgiques, des scènes de la vie de Jeanne d'Arc pour une broderie. Ses dessins, exposés en 1931 dans une vente de charité, provoqueront sa rencontre avec le docteur Paul Alexandre, découvreur de son génie après avoir été bouleversé par celui d'Amadeo Modigliani. Grâce à lui, elle poursuivra son activité artistique dans la vie religieuse, sur laquelle elle porte le même regard lucide qu'elle portait sur le monde profane.

Le satirique, la caricature l'emportent sur le sacré, sans apparemment entamer sa foi: "faire du dessin quelconque à l'eau de vaisselle, j'en ai horreur". Paul Alexandre lui a commandé un extraordinaire cycle de la vie conventuelle, "la vie chez les captifs volontaires", qu'elle réalise de 1942 à 1949, parfois presque comme une bande dessinée expressionniste, en 152 dessins.

On y voit des jeunes soeurs joyeuses pendant leur "récréation" et de plus vieilles inquiétantes durant la messe, qu'elle définit comme la "réalité des réalités". Les dessins très colorés alternent avec des séries brunes et grises. En 1939, elle réalise une Via Crucis en 18 planches. Ses oeuvres ont été éditées et une première exposition avait été réalisée au Palais des Congrès de Paris, où elle connut d'ailleurs un immense succès.

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