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07.06.04 - Canada : De la parole aux gestes.

Trois ingrédients sont essentiels afin d'accomplir la mission de l'Église en matière de justice sociale : un sens de la spiritualité, une approche créative face à des grands défis et une meilleure compréhension des gens qui ont besoin d'aide.

C'est ce qu'ont pu entendre les représentants de 20 associations catholiques réunie à l'occasion du Forum annuel de la Commission des relations avec les associations du clergé, de la vie consacrée et du laïcat de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), les 23 et 24 avril dernier, à Ottawa.

En lever de rideau, le père dominicain Michel Côté, qui a exercé pendant plusieurs années son ministère presbytéral comme prêtre-travailleur dans la région d'Ottawa, a déclaré que l'engagement pour la justice sociale doit émerger d'une compréhension de Dieu qui intègre le spirituel et le physique, l'aspect émotionnel et le monde socio-politique. Ne pas agir de la sorte crée un déséquilibre menant à des excès tels l'idolâtrie, le militarisme, le sexisme, le racisme et le matérialisme qui viennent à l'encontre de l'amour de Dieu. " La justice sociale n'est pas une idéologie", a dit le P. Côté.

" C'est une spiritualité de l'engagement qui nous permet d'agir d'une manière juste, d'aimer tendrement et de marcher humblement en présence de Dieu. Chacun d'entre nous a été créé à l'image et la ressemblance de Dieu, peu importe où il se trouve dans le monde. Ainsi chaque personne mérite d'être traitée avec dignité."

Dressant un tableau de la situation au Canada en fait de justice sociale, Joe Gunn, directeur du Bureau des affaires sociales de la CECC, affirme que le catholique d'aujourd'hui est placé devant un important défi. " Comme catholique, je dois décider de bien des façons, chaque jour, que je ne suis pas à vendre, que mes valeurs ne sont pas à vendre non plus, et aussi comment et quand je dois dire NON aux valeurs du marché afin de m'efforcer d'accepter les valeurs chrétiennes, a-t-il indiqué.

" Les chrétiens doivent être des acteurs et non des spectateurs. " Robert Letendre, ancien directeur général de Développement et Paix - un organisme canadien de solidarité internationale qui a le double mandat d'aider les populations des pays du Tiers-monde et de sensibiliser les citoyens canadiens à des problèmes de justice sociale dans le monde - a expliqué que " nous devons non seulement avoir une parole prophétique, mais nous assurer qu'elle ait un impact. Jonas marchant dans Ninive aujourd'hui, c'est un Jonas apprenant des sciences sociales, maîtrisant le monde de la communication et comprenant les mécanismes du changement politique de manière à changer le monde. Il n'y a rien d'anti-chrétien à être efficace et à réussir nos projets de transformation sociale. "

Sur un ton plus personnel, M. Letendre a exprimé qu'on n'y arrivera pas sans l'amour. " Notre action n'a aucun sens sans la Caritas qui n'est pas seulement une vertu mais la base même de notre foi dans un Dieu trinitaire qui déborde d'amour pour sa création. Sans cette présence de l'amour, le travail de justice n'a plus aucun sens. Il n'a plus aucune direction. Si vous me demandez de résumer les défis que nous avons à relever, je dirais que c'est celui de mettre la charité au cœur de notre action. Le prophète de demain sera tout sauf un juge. Il sera plutôt un être débordant d'amour toujours prêt, dans un univers complexe, à suggérer de nouvelles approches pour que tous puissent profiter des biens de cette terre. "

Pour sa part, Mgr André Richard, C.S.C., archevêque de Moncton et président de la Commission des relations avec les associations, a clairement exprimé que " la justice sociale n'est pas une option pour les chrétiens. C'est une activité essentielle de la vie de l'Église qui nous est demandée de par notre baptême. " (source : cecc)

Pour plus d'informations : Conférence des évêques du Canada

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