07.06.04
- Pour une éducation à la paix.
Pour le cardinal Ratzinger, qui représentait le pape aux cérémonies
du 6 juin sur les plages françaises, l'intervention des alliés
servait aussi le bien de la nation allemande " Nous-mêmes, Allemands,
nous rendons grâces. "
... "Qu'était-il arrivé ? Un criminel et ses comparses avaient réussi
à prendre le pouvoir de l'État en Allemagne. […] Il put ainsi, en un
certain sens, exiger l'obéissance de droit des citoyens et le respect
vis-à-vis de l'autorité de l'État (Rm 12), mais il utilisait en même
temps les instruments du droit comme instruments de ses buts criminels.
[…] Aussi fut-il de fait nécessaire que le monde entier intervienne
pour faire sauter l'anneau de l'action criminelle, pour rétablir la
liberté et le droit. Nous-mêmes, Allemands, nous rendons grâces de ce
que, à l'aide de cet engagement, nous avons recouvré la liberté et le
droit."
..." S'il y a eu jamais, dans l'histoire, une guerre juste, c'est
bien ici, dans l'engagement des Alliés, car l'intervention servait finalement
aussi au bien de ceux contre le pays desquels a été menée la guerre.
Une telle constatation me paraît importante, car elle montre, sur la
base d'un événement historique, le caractère insoutenable d'un pacifisme
absolu."
..." Mais je voudrais éclairer un peu davantage deux phénomènes
en quelque sorte nouveaux, parce qu'en eux vient à jour la menace spécifique,
et par là aussi la tâche particulière de notre temps pour la recherche
de la paix. Un de ces phénomènes consiste dans le fait que paraissent
éclater tout à coup l'ordre du droit et la capacité de cohabitation
de la part de communautés différentes."
..." À ce niveau se manifeste une grande tâche pour les chrétiens
du temps présent : nous devons commencer par apprendre les uns des autres
à vouloir nous réconcilier et à tout faire pour que la conscience ait
le pouvoir, plutôt que d'être écrasée par l'idéologie et l'intérêt.
L'autre phénomène qui nous oppresse surtout aujourd'hui est la terreur
qui, entre-temps, est devenue une espèce de nouvelle guerre mondiale
- une guerre sans front fixe, qui peut frapper partout et ne connaît
plus la distinction entre combattants et population civile, entre coupables
et innocents."
..."On ne peut pas venir à bout de la terreur, c'est-à-dire de
la force opposée au droit et coupée de la morale, par le seul moyen
de la force. Il est sûr que la défense du droit contre la force destructrice
du droit peut et doit, en certaines circonstances, se servir d'une force
exactement soupesée, pour le protéger. Un pacifisme absolu qui dénie
au droit tout moyen coercitif serait la capitulation devant l'iniquité,
sanctionnerait sa prise de pouvoir et livrerait le monde au diktat de
la violence.
..."Mais pour que la force du droit ne devienne pas elle-même iniquité,
il faut qu'elle se soumette à des critères stricts qui doivent être
reconnus comme tels par tous. Elle doit interroger les causes de la
terreur qui prend très souvent sa source dans une situation d'injustice
à laquelle ne s'opposent pas des mesures efficaces. Surtout, il est
important d'accorder toujours à nouveau une caution de pardon, afin
de briser le cercle de la violence."
..." Dans tous ces cas, il est important que ce ne soit pas seulement
une puissance déterminée qui maintienne le droit. Il est urgent d'avoir
un véritable ius gentium sans une prépondérance hégémonique et des interventions
correspondantes. C'est cela qui a pu convaincre, dans la Seconde Guerre
mondiale, et qui a apporté la paix véritable entre les forces antagonistes.
" (source : cef)
Pour plus d'informations : Service de
presse du Vatican
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