09.06.04
- Pour la première fois, un film copte sera projeté en
Egypte.
Un film mettant en scène des chrétiens coptes sera projeté pour la première
fois à partir du mercredi 9 juin dans 40 salles en Egypte. Il a pour
thème les réalités quotidiennes d'une famille,
tiraillée dans la manière de vivre sa foi.
"J'aime le cima" (prononciation populaire de cinéma), tel est le titre
du film, est une fresque sociale et historique de Choubra, qui a pour
cadre le quartier à majorité copte du centre du Caire, havre il y a
50 ans de la classe moyenne moderniste, ouverte aux influences occidentales,
secteur qui s'est relativement dégradé et appauvri depuis. Amoureux
de Dieu et partisan d'un retour aux sources de la pureté chrétienne,
le héros de "J'aime le cima", hait le cinéma, la musique et la télévision,
qu'il classe sans nuances parmi les "activités sataniques", dont il
veut préserver sa famille, une épouse soumise et résignée, et ses deux
filles, folles de cinéma, qu'il persécute.
Le réalisateur, Oussama Fawzi, lui-même copte, s'offre ainsi un parallèle
saisissant entre les intégrismes religieux, tous condamnables, selon
lui, qui rongent l'Egypte en silence. Le père de famille copte de "J'aime
le cima" pourrait aussi bien être musulman. Les deux extrémismes ont
en partage le refus de toute évolution sociale en dehors des enseignements
divins. Dans ce film, les Egyptiens, en grande majorité musulmans, entendront
un vocabulaire nouveau dans la bouche de leurs voisins coptes, auquel
le cinéma national ne les a pas du tout habitués.
Pour la première fois sur grand écran, ils entendront ainsi un acteur
jurer par Jésus ou par la Vierge Marie, alors que pour les musulmans
les seules autorités invoquées dans la détresse ou pour leur rendre
grâce, restent Allah et son prophète Mahomet.
Le film
n'a pas été soumis à la censure de l'Eglise copte avant d'être autorisé,
comme la rumeur en avait couru ces derniers jours au Caire provoquant
un tollé dans les milieux intellectuels. "C'est un film sur une famille
copte et non sur l'Eglise copte", a dit le réalisateur. Par contre
le ministère
égyptien de la Justice a réhabilité la semaine dernière le pouvoir de
censure d'Al-Azhar, la plus haute autorité sunnite dans le monde, sur
les publications "non-conformes" à l'Islam, provoquant un tollé parmi
les organisations de défense des droits de l'Homme.
Le rôle de l'épouse est
assuré par une des plus célèbres vedettes féminines du cinéma égyptien
actuel, Leila Eloui. Censeur de lycée, mère de famille laborieuse, frustrée,
privée d'affection par un mari pudibond qui ne cesse de la repousser,
l'épouse délaissée finira par sombrer elle-même dans l'extrémisme religieux.
(source : egypte presse)
Pour plus d'informations : Egypte
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