07.06.04
- Suisse : Enthousiasme et réserves.
Beaucoup
de commentaires, dans la presse suisse et internationale, relèvent le
contraste existant entre la ferveur à l'intérieur du stade où le Pape
a rencontré les jeunes et la froideur de la population à l'extérieur
durant ce voyage.
Bien des raisons peuvent être mises en avant : la brièveté
du séjour, - une Suisse avec trois communautés aux accents
différents : suisse alémanique, romande et italienne -
population très marquée par un oecuménisme vécu
au quotidien entre les communautés catholiques et protestantes...
Positivement, la visite
de Jean-Paul II en Suisse a suscité l'enthousiasme des jeunes et le
respect des sceptiques, surpris en bien par le charisme du Pape tout
en se sentant confirmés dans leurs critiques. Samedi en fin d'après-midi,
devant les jeunes participant à la première Rencontre nationale des
jeunes catholiques suisses, but du voyage du Pape en Suisse, Jean-Paul
II a impressionné les observateurs par la force de sa présence et le
lien qu'il a instantanément su trouver avec les jeunes.
Les personnalités qui avaient, depuis deux semaines, émis de nombreuses
critiques sur le pontificat actuel ne nient pas ce succès. " Il a dit
plusieurs bonnes choses, notamment que le christianisme n'est pas une
idéologie ni une culture, mais une personne, à savoir Jésus-Christ ",
reconnaît ainsi Hansjörg Leutwyler, secrétaire central de l'Alliance
évangélique suisse, dans la "NZZ am Sonntag".
Mais il regrette que ce message passe au second plan derrière le " culte
de la personnalité " entourant le pontife. Cette critique est fréquente.
En 1997, aux JMJ de Paris, un participant non catholique qui se trouvait
sur le podium du pape, en entendant "Vive le Pape" scandé
par la foule des jeunes, n'hésita pas à dire :"Mais
qu'attend-il pour montrer la croix qui domine le podium, et leur dire
:"A lui seul est la gloire !"
" Il n'y a rien à espérer de cette visite, qui ne comporte aucun enjeu",
écrivait le journal "Le Temps" samedi. Elle crée d'ailleurs
plus de tensions qu'elle ne contribue à résoudre les problèmes. " Échaudée
par la récente interdiction de l'hospitalité eucharistique et par la
nomination par le gouvernement d'un ambassadeur " extraordinaire et
plénipotentiaire " au Vatican, La Fédération des Église protestantes
a en effet décliné l'invitation de participer à la messe d'hier.
L'édition dominicale du plus grand quotidien du pays, le "SonntagsBlick"
a édité un cahier spécial de seize pages sur le Pape, tout en s'en justifiant
dans un éditorial : " Personne n'est aussi bien que ne le disent ses
partisans, ni aussi mauvais que ne le décrient ses détracteurs. C'est
aussi valable pour le Pape. C'est pourquoi il a sa place dans notre
journal. "
"La Tribune de Genève" met pour sa part en avant l'aspect de "show à
l’américaine", orchestré par un pape promu "idole des jeunes". Selon
le quotidien de la cité de Calvin la rencontre a "manqué terriblement
de contenu".
Le "Giornale del Popolo", quotidien catholique du Tessin, consacre son
"gros titre" et plusieurs pages à cette visite. "Jamais autant de gens
se sont rassemblés pour un événement de cette portée". Les jeunes fans
du pape, peut-on lire, "ont infligé une secousse à la Suisse". Le quotidien
de langue italienne souligne aussi le lien paternel qui s'est établi
entre le pape et les jeunes.
Dans les rues de la capitale bernoise, des passants ne se sont même
pas retournés, notent certains. Lors de son arrivée, aucune fanfare,
aucun choeur d'enfants n'étaient là pour lui souhaiter la bienvenue.
Si ceux qui ont voulu défiler samedi contre la visite du Pape (environ
200 personnes), malgré l'interdiction de manifester, en ont été empêchés
par la police et seront vite oubliés, l'attitude du public fervent soulève
des questions légitimes. (source : La Croix)
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