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19.06.04 - La prostitution à la frontière franco-espagnole.

Les prêtres de la zone frontalière de Catalogne espagnole viennent d'alerter l'opinion sur la florissante prostitution, légale ou sauvage, qui accompagne l'important trafic routier à ce passage obligé vers la France et l'Europe.

Dans un communiqué remis aux agences internationales de presse et une lettre envoyée aux fidèles, comme au gouvernement autonome de Catalogne et aux journaux, intitulée "une mauvaise entrée en Catalogne", ils estiment que la zone frontalière est en voie de devenir "le bordel de l'Europe", concentrant un millier de femmes dans "l'esclavage de la prostitution, contraire à la dignité humaine".

L
eur émotion a redoublé lorsqu'ils ont appris la transformation d'un hôtel balnéaire de Capmany, au sud de La Junquera, en "club", "le Madam's", offrant des services hôteliers et 48 chambres à des jeunes femmes aux amours tarifées. La chapelle privée de l'hôtel, désaffectée et abandonnée depuis 25 ans, un temps consacrée à Notre-Dame de la Merci, patronne des esclaves et des prisonniers, est devenue un hangar à matériaux pour l'entreprise qui rénove ce club.

"Cette goutte d'eau a fait déborder le vase. Elle est le révélateur de la multiplication de ce genre d'établissements spécialisés dans la région. La déclaration des prêtres catalans ne veut pas être seulement un cri d'alarme qui veut appeler à la "répression", "mais qui veut appeler à un travail social permettant aux jeunes femmes, poussées dans cette activité dégradante par des mafias exerçant menaces, violences et chantages, d'échapper à cette vie".

L'entreprise d'investissement immobilier propriétaire du Madam's, comme la mairie de Capmany, qui a donné les autorisations administratives quasi-automatiques d'exploitation du "club", se défendent en rappelant la législation en vigueur. "La rénovation d'un hôtel est préférable au risque de le voir devenir une friche hôtelière promise à la prostitution sauvage et à tous les trafics".

Le maire est visiblement fâché d'être au centre d'une polémique où sa bonne foi a parfois été flouée. "Tous les maires de la région sont d'accord, la prostitution sauvage de bord de route, sans contrôle, est mère de tous les maux: influence du proxénétisme, trafics divers, comportement publics pouvant choquer la pudeur. Les établissements légaux offrent des garanties sanitaires et freinent les activités délictueuses", explique-t-il.

Et les arguments sont spécieux : l'établissement respecte toutes les normes d'hygiène et de sécurité. Les jeunes femmes, en majorité latino-américaines ou est-européennes, doivent présenter des papiers en règle, se soumettre à des visites médicales régulières par praticien agréé. L'espace est sécurisé et offre tous les services (restaurant, coffre-fort individuel, climatisation, chambres confortables) "leur permettant notamment d'échapper à toute influence mafieuse". (source : afp/ap)

Pour plus d'informations : Diocèse de Barcelone

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