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23.06.04 - Allemagne : Echos du Katholikentag.

Le 95e Katholikentag s'est achevé dans un climat de dialogue dans lequel les catholiques allemands osent une Eglise plurielle, même si certains évêques s'en offusquent.

Deux d'entre eux y voient un "signe de décadence dans l'Eglise". Il s'agit de l''archevêque de Bamberg, Mgr Ludwig Schick, et de l'évêque de Regensburg, Mgr Gerhard Ludwig Müller, ont fortement critiqué le "Katholikentag", et dénoncé notamment la participation du théologien Eugen Drewermann, "un homme qui agit contre l'Eglise".

Pour la première fois dans son histoire, l'Eglise catholique d'Allemagne a conclu son Katholikentag (16-20 juin) par une messe suivie d'un service oecuménique auquel participaient des pasteurs protestants et 35 000 personnes. Le président de la Conféence des évêques d'Allemagne, le cardinal Lehmann, dans son homélie s'est dit convaincu que l'assemblée donnait là une direction et un encouragement rendu possible par l'assemblée de Berlin l'an dernier. "Quelque chose est en train de grandir qui ne pourra pas être révoqué."

Lors de la messe de clôture, seuls les évêques concélébraient, les prêtres ayant été priés de rester en civil dans la foule, pour favoriser les signes oecuméniques, telle que la présence de pasteurs protestants au premier rang, dont une femme évêque, Margot Kässmann, qui donna symboliquement sa bénédiction après la cérémonie. Dans les statistiques publiées, on peut relever que 10 % des participants appartenaient à l'Eglise évangélique luthérienne et que 20 % étaient des jeunes de moins de 18 ans.

Installée face au podium, la croix des JMJ - qui auront lieu en août 2005 à Cologne - a fait l'objet de toutes les attentions de cette assemblée très priante.
Ces moins de dix-huit ans comme les autres jeunes ont tout à la fois réaffirmé leur foi et estimé que nombre de traditions de leur Eglise ne signifiaient plus grand chose pour eux. Dans tel ou tel groupe de discussion, ils ont exprimé leur frustration devant des services religieux "étouffe-chrétiens" bien peu orientés vers les plus jeunes et la fermeture de certains conseils pastoraux aux idées actuelles. Ils aimeraient simplement des espaces plus libres pour discuter de ces enjeux .

Ovationné à la fin de la messe de clôture, le cardinal Karl Lehmann appela les participants à " envisager l'unité sur le modèle trinitaire divin, en intégrant toutes les sensibilités dans une perspective missionnaire pour vivre "de la force de Dieu" ", selon le thème de la rencontre qui venait de se dérouler du 16 au 20 juin.

Il faut rappeler que les évêques prennent part au Katholikentag en tant qu'invités et acceptent donc la confrontation des idées dans un climat de dialogue parfois surréaliste. Ainsi, de mercredi à samedi, se trouvaient sous le même hall des stands aussi divers que ceux des catholiques fidèles au rite tridentin de saint Pie V, des fervents de Medjugorje, des hospitaliers de Notre-Dame de Lourdes, des militants de l'intercommunion oecuménique, des homosexuels revendiquant leur liberté dans l'Église, ou encore des compagnes de prêtres désireuses de voir leur situation enfin clarifiée !

" Évitons qu'il y ait une Église d'en haut et une Église d'en bas, permettons à toutes les opinions de s'exprimer. La pluralité qui caractérise ce meeting est le gage d'une nouvelle unité ", a confié au quotidien catholique français "La Croix" Mgr Reinhard Marx, nouvel évêque de Trêves, qui accueillera dans son diocèse un Katholikentag " européen " en mai 2006, à Sarrebruck.

Cette " foire-expo " des catholiques allemands n'est pas simplement un étalage des différences, voire des oppositions, mais un lieu d'échanges où les uns et les autres s'écoutent calmement, lors de forums dans un respect mutuel qui est sans doute le fruit d'une longue culture de dialogue avec le protestantisme fortement présent dans ce pays. Samedi après-midi par exemple, le théologien Hans Küng, très critique à l'égard de " l'absolutisme romain ", s'entretenait en public avec le cardinal Lehmann, devant des milliers de personnes passionnées par les sujets d'actualité abordés sans détours : ordination d'hommes mariés et de femmes, place des laïcs dans l'Église, rôle du Pape, etc ...

Durant cet échange, le président des évêques allemands a répondu au théologien en évitant autant que possible la polémique, réclamant une certaine patience face à des problèmes posés au plan théorique, mais dont les solutions restent difficiles. Il a notamment clairement souhaité que les conférences épiscopales soient davantage des forces de propositions capables d'aider le Pape à s'affranchir des pesanteurs de la curie romaine. " La substance qui nous unit est plus puissante que nos divergences de points de vue ", a-t-il déclaré au journal. (source : kna/la croix/cns)

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KNA

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