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08.08.04 - Irak : Réactions dans le monde après les attentats.

Le Vatican a vivement réagi dès le dimanche 1 août dimanche pour condamner les attentats "très préoccupants" commis contre des lieux de culte chrétiens en Irak.

Dans un message envoyé à "Sa Béatitude Emmanuel III Delly", patriarche de Babylone des Chaldéens et président de
l'Assemblée des évêques catholiques d'Irak, le pape Jean Paul II "l'a chargé de manifester aux pasteurs et aux fidèles des divers rites toute sa solidarité en ces heures de souffrance, déplorant vivement les agressions injustes à l'encontre de ceux qui veulent collaborer pour la paix et la réconciliation du pays".  Pour le Vatican, ces actes sont le signe d'une "intention d'accroître la tension".

Le patriarche chaldéen, chef de la plus importante communauté chrétienne d'Irak, Mgr Emmanuel Delly, a appelé lundi chrétiens et musulmans d'Irak à l'union, au lendemain de cette vague d'attentats.
"Nous devons collaborer, pour le bien de l'Irak car nous sommes une seule famille"... Quant aux terroristes, " Que le Seigneur leur pardonne
et qu'il illumine leur esprit pour le bien des chrétiens et des musulmans de l'Irak".
Le patriarche a fait parvenir un message à l'adresse du gouvernement intérimaire irakien.


"Les chrétiens et les musulmans de Mossoul ont toujours vécus comme des frères, je suis sûr que les responsables des attaques d'hier dans notre ville viennent de l'extérieur", a estimé de son côté Mgr Paulos Faraj Rahho, archevêque chaldéen de Mossoul. "Nous ne savons pas quoi faire; depuis la fin de la guerre le pays est en proie à l'anarchie. Je veux encore souligner
que ces attaques sont le fruit de l'action d'un petit groupe de terroristes qui n'ont rien à voir avec les musulmans irakiens. Depuis
hier je ne fais que recevoir des visites et des coups de téléphone des frères musulmans qui sont furieux face à tout ce qui est arrivé et continuent de donner la preuve de leur solidarité à l'égard de toute la communauté chrétienne".


Le chef de l'Eglise copte-orthodoxe, le patriarche Chenouda III a mis en garde contre une sédition confessionnelle en Irak, exprimant "son inquiétude face aux attentats qui ont pris pour cible plusieurs églises en Irak, y voyant une tentative criminelle pour semer la discorde entre chrétiens et musulmans irakiens".

Le pasteur Sam Kobia, secrétaire général du Conseil oecuménique des Eglises (COE), a condamné lundi les attentats qui ont frappé plusieurs églises de Bagdad et Mossoul. "Cette action sape encore plus les efforts de reconstruction visant à faire de l'Irak
une société démocratique où toutes les communautés religieuses et tous les peuples peuvent vivre en harmonie", a-t-il déploré.
 

Pour sa part, la figure emblématique des chiites irakiens, l'ayatollah Ali Sistani, a vivement dénoncé les attentats contre les cinq églises à Bagdad et Mossoul, les qualifiant de "terribles crimes". "Nous dénonçons et condamnons ces terribles crimes et nous estimons qu'il est nécessaire d'unifier nos efforts. Nous devrions travailler tous ensemble, le gouvernement et le peuple, afin de mettre un terme aux attaques contre les Irakiens".

De son côté, le comité des oulémas sunnites irakiens a accusé "des parties étrangères" d'être à l'origine de ces attentats "qui visent à diviser le peuple irakien et veulent que le chaos perdure dans l'intérêt des occupants" de l'Irak.

"Ce qui est arrivé hier à Bagdad représente un tournant significatif et inattendu; nous ne savons pas s'il s'agit d'un cas isolé, qui se veut bien entendu comme un signal politique laissant entrevoir de nouveaux scénarios préoccupants", ont pour leur part
déclaré à l'Agence missionnaire Misna des sources de la Maison générale des Carmélitains déchaux à Rome.

Le cardinal Roger Etchegaray s'est déclaré "bouleversé" dans un entretien accordé au quotidien italien "La Repubblica", publié lundi. Il ajoute: "Ce sont des nouvelles fort tristes, pas seulement pour l'Eglise, mais pour l'humanité toute entière; c'est un évènement qui touche le monde entier et ne concerne pas seulement une seule communauté religieuse. Il implique tout le monde
car c'est une liberté fondamentale qui est touchée, celle religieuse."
a

"L'Eglise, comme toutes les réalités qui n'ont pas encore de structure dans l'Irak post-belliqueux", a ajouté le Père Hernandez de
Bagdad, "est considérée comme un ennemi à combattre et à chasser afin de poursuivre le programme de destruction. Ces bombes ne doivent pas être entendues comme une attaque des musulmans contre l'Eglise; elles ont frappé les Eglises en espérant contraindre les religieux à quitter le pays. Mais nous, nous ne partirons pas, nous ne laisserons pas les personnes toutes seules". (source : apic/vis/eni)

Pour plus d'information : Service de presse du Vatican

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