Infocatho


21.08.04 - Vénézuéla : L'Eglise et les élections.

La vérification manuelle des suffrages, demandée par l'opposition et par une partie de la hiérarchie de l'Eglise, a commencé le 18 août.
 
Tandis que les messages de soutien à Chavez se multiplient, la vérification des bulletins de vote demandée par l'opposition qui dénonce des truquages présumés au lendemain de l'annonce de la victoire du président, est actuellement menée dans 150 sièges. Sur proposition du président du "Centre Carter", l'ex-chef d'Etat américain Jimmy Carter, la vérification est même conduite en présence de membres de la "Coordinadora democrática", le groupement des partis de l'opposition, formé du centre droit, de la droite et de l'oligarchie.

Environ plus de 58% des votes en faveur du maintien du président avait été annoncé par le Conseil national électoral vénézuélien (CNE). Les représentants de l'OEA, l'Organisation des Etats américains, présents en qualité d'observateurs, ont du reste avalisé ce résultat, en insistant sur un déroulement normal du scrutin, sans fraude.

Pour nombre d'observateurs en place à Caracas, l'attitude de ceux qui veulent faire accroîre l'idée d'une fraude massive est irresponsable. Les tensions qui pourraient se multiplier, voire les affrontements dans une société déjà divisée, représentent un réel danger. Elles risquent de plus de conduire à des effusions de sang et à une dangereuse spirale de la violence.

L'attitude de la hiérarchie de l'Eglise n'est pas unanime. Sur les ondes de Radio Vatican, le cardinal José Castillo Lara, aujourd'hui à la retraite en raison de son grand âge, a qualifié le référendum mené dimanche par le gouvernement du président Hugo Chavez de "gigantesque fraude", contrairement aux constatations de l'ex-président américain Jimmy Carter. Le président émérite de la Commission pontificale pour l'Etat de la Cité du Vatican affirme que les représentants du gouvernement ont acheté des votes. "Les gens pauvres recevaient l'équivalent de 50 à 60 dollars américains s'ils votaient pour le 'non', c'est-à-dire, pour maintenir le président au pouvoir."

Le président de la Conférence des évêques, l'archevêque de Mérida, Mgr. Baltazar Porras, est plus nuancé, comme l'ensemble des évêques. Il estime "qu'il y a beaucoup de doutes en ce qui concerne les résultats," de même que "beaucoup de questions se posent au sujet du CNE" mais il estime aussi que "la participation massive témoigne d'un consensus qui doit mener à la fraternité et à la solidarité", car cette participation signifie que "s'il y a des changements à réaliser, ils doivent se faire dans l'harmonie et le respect des uns par rapport aux autres."

De son côté, s'adressant aux autorités nationales, l'évêque de Valencia, Mgr Jorge Urosa Savino, vice-président de la conférence épicopale, souligne que "l'attitude la plus importante à maintenir est celle d'une démonstration de noblesse, sans vengeance ni haine."... "L'Eglise n'est pas un acteur d'un parti. Nous sommes des pasteurs, des serviteurs de tout le peuple vénézuélien, indépendamment de toute sympathie politique. Nous sommes impartiaux, ce qui ne veut pas dire que nous soyons indifférents à la souffrance, aux problèmes de la violence, aux problèmes du chômage, à l'exclusion."

Même les Etats-Unis, qui auraient vu d'un bon œil le départ de Chavez, ont été dans l'obligation de faire marche arrière. Et d'accepter, sans doute bien malgré eux – pétrole oblige – le résultat de ce scrutin. A noter encore que le patronat, peu favorable aux réformes sociales de Chavez et regroupé au sein de l'opposition, a lui aussi fait marche arrière. Il a reconnu le résultat de dimanche.

Les messages de félicitations au président Hugo Chávez pour sa victoire au référendum ne cessent d'arriver des pays de la communauté andine (Bolivie, Colombie, Equateur et Pérou), en passant par les téléphones du président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva et des chefs d'Etat Néstor Kirchner (Argentine), Ricardo Lagos (Chili). (source : aci/misna)

Pour plus d'information : ACI


Retour