-
04-11-18 - France
LE DÉCÈS D'UN PIONNIER DE LA RÉFORME LITURGIQUE.

Le P. Pierre Jounel vient de mourir. Avec lui, disparait l'un des pionniers qui ont initié le renouveau liturgique de Vatican II, et cela dès les années 1950. Se référant aux traditions les plus anciennes de la liturgie, il avait su rejoindre les traditions des premiers siècles, patristiques et scripturaires.

Jeune professeur sulpicien au séminaire d'Orléans, il partait chaque dimanche dans une chapelle des quartiers populaires et déchristianisés de la ville, emmenant avec lui un ou deux séminaristes. Passionné de la rencontre avec Jésus-Christ, c'est là qu'il prit conscience du fossé qui existait entre l'Église et sa vie liturgique d'une part, et les populations composée de gens simples d'autre part. D'origine nantaise, ce fut pour lui une révélation.

Dès lors sa vocation sacerdotale fut également celle d'un liturgiste. Il traduisait les homélies des Pères de l'Église dans le bréviaire pour imprégner ses "élèves-prêtres" de la richesse et de la tradition de l'Église. Dès les années 1950/55, il était un expert qui, par-delà son humilité et sa discrétion, fut estimé et reconnu au point qu'il fut de ceux qui ont préparé le chemin de la réforme liturgique de Vatican II. Il en fut d'ailleurs un des experts à partir du printemps 1964, dirigeant et animant 4 des 15 groupes d'éudes en ce domaine.

Il fut affecté à la refonte du lectionnaire de la messe, remettant en valeur les psaumes et l'antique prière universelle, travaillant à la réforme de la Semaine Sainte et aux trois nouvelles prières eucharistiques. Il avait le souci de se référer aux traditions les plus anciennes, les plus certaines e les plus vivantes de l'Église des premiers siècles, les recherchant souvent dans les liturgies orientales.

Participant aux travaux du Centre pastoral liturgique, professeur à l'Institut supérieur de liturgie de Paris, il écrivit surtout ce qui est devenu le "missel Jounel", la base même de presque tous les missels de langue française par ses notes et ses suggestions.

Il prit part à la rénovation du calendrier des saints, recherchant les "certitudes historiques" et ouvrant le calendrier à l'universalité de l'Église. Le Martyrologe que contient "Infocatho" lui doit beaucoup. Il en avait corrigé souvent bien des approximations et donnait des suggestions amicales et toujours pleines de délicatesse.

Dans sa retraite active et priante des environs d'Orléans où il était revenu, il restait attentif à toute prière liturgique. Celle sans doute quil chante désormais dans l'éternité.

Retour aux dépèches