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FlashPress - Infocatho
29 novembre au 2 décembre 2004 (semaine 49)
 

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04-12-02 - Ukraine
LES RISQUES D'UNE RUPTURE ENTRE LES ÉGLISES.


La crise politique qui secoue l'Ukraine, élargissant la ligne de fracture entre l'est et l'ouest du pays, pourrait aussi accentuer les divisions entre l'Église orthodoxe du patriarcat de Moscou et l'Église gréco-catholique romaine, qui ont pris position pour ou contre le régime en place.

Ceci est d'autant plus marqué que l
'Eglise gréco-catholique, qui compte de nombreux fidèles dans l'ouest du pays, place forte de l'opposition, s'unit, dans sa démache à l'Eglise orthodoxe du Patriarcat de Kiev, qui s'est séparée de celui de Moscou après l'indépendance de l'Ukraine en 1991, d'une manière uniatérale et non canonique. Ces eux Églises ont pris position en faveur des contestataires du second tour de la présidentielle du 21 novembre.

Sur la tribune installée sur la place de l'Indépendance à Kiev, des prêtres gréco-catholiques et orthodoxes du Patriarcat de Kiev récitent régulièrement la prière devant les dizaines de milliers de partisans de l'opposition.

"Notre Eglise est avec le peuple qui réclame dans la rue justice et vérité. C'est une lutte entre le Bien et le Mal, la démocratie et l'autoritarisme, le peuple et les +oligarques+", clame le "patriarche" auto-proclamé Filaret (Denissenko), chef de l'Eglise orthodoxe de Kiev.

"Nous ne soutenons pas un candidat en particulier, mais le peuple dont les suffrages ont été falsifiés (...) Et nous condamnons fermement les ingérences dans la campagne électorale du Patriarcat de Moscou, qui a pris ouvertement position en faveur de M. Ianoukovitch". Le cardinal Lioubomir Houzar, dont l'Eglise entretient des relations tendues avec le Patriarcat de Moscou, déclare pour sa part à l'envie que "la voix du peuple, c'est la voix de Dieu, et il faut la respecter".

Le "patriarche" Filaret et le cardinal Houzar ont par ailleurs demandé cette semaine au président sortant Léonid Koutchma de punir les responsables des fraudes électorales, dans une lettre ouverte au ton très direct. "Si le président, comme garant de la Constitution, ne remplit pas sa tâche, alors le peuple en devient le garant et descend dans la rue pour réclamer justice", indiquait en outre la lettre également signée par le représentant du Vatican en Ukraine et par celui des Églises évangélique et baptiste.

L'Eglise orthodoxe du Patriarcat de Moscou, qui a juridiction sur la majorité des paroisses orthodoxes en Ukraine, s'est rangée, comme le Kremlin, du côté du Premier ministre pro-russe Viktor Ianoukovitch, vainqueur contesté du scrutin présidentiel, même si elle prêche officiellement la neutralité. Viktor Ianoukovitch, qui aime à se présenter comme un orthodoxe croyant, était toujours ou presque accompagné d'un prêtre orthodoxe lors de ses déplacements électoraux.

Les paroisses orthodoxes des régions russophones du pays ont organisé des prières en soutien de sa candidature et des prêtres n'ont pas hésité à prendre la parole à la télévision pour accuser les "nationalistes" de l'opposition de vouloir "chasser" le Patriarcat de Moscou des terres ukrainiennes.

"Nous craignons certaines personnes de l'entourage de M. Iouchtchenko qui sont reconnues pour leur nationalisme et favoriseront le Patriarcat de Kiev ou les gréco-catholiques si M. Iouchtchenko prend le pouvoir. Ils pourraient aussi s'en prendre à notre Eglise", a déclaré à la presse l'archimandrite Nikon, de l'Eglise du Patriarcat de Moscou. "Il est sûr que cette crise n'aidera pas au rapprochement de nos Eglises", a-t-il ajouté.

Plus modéré, Viktor
Iouchtchenko, qui est orthodoxe, a démenti jeudi vouloir "fermer les églises du Patriarcat de Moscou", lors d'un discours sur la Place de l'Indépendance. (source : Agence RISU)

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