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9, 10 et 11 décembre 2004 (semaine 50)
 

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04-12-11 - Laos
L'ISOLEMENT DE LA COMMUNAUTÉ CATHOLIQUE.

La liberté religieuse reste très limitée au Laos, un pays majoritairement bouddhiste et animiste, enclavé au cœur des montagnes. Près de 40.000 catholiques connaissent toujours un grand isolement dans cette région peu connue du Sud-Est asiatique.

Appelé officiellement République démocratique populaire lao (RDPL), le Laos et ses six millions d'habitants vivent sous un régime communiste à parti unique depuis la "libération" de 1975. Gouverné par le Parti révolutionnaire du peuple lao (PRPL) depuis trois décennies, c’est seulement depuis 1992 que le pays a entamé un lent processus de modernisation et d’ouverture à l’économie de marché et au monde extérieur.

La Constitution de 1991 accorde certes la liberté religieuse dans le "Royaume du million d'éléphants", peuplé d'une multitude d'ethnies. Mais ce qui domine encore dans ce pays, le plus pauvre de sa région, c'est l'interprétation restrictive de certains fonctionnaires, qui privilégient les religions traditionnelles, le bouddhisme et l’animisme.

Le bouddhisme est d'ailleurs la religion la plus répandue et la plus acceptée par le gouvernement. Le catholicisme, longtemps considéré comme le suppôt du colonialisme français et la religion des falangs (étrangers), reste par contre suspect, comme d'ailleurs les autres confessions chrétiennes.

"Si vous regardez de l'extérieur, l'Eglise catholique au Laos paraît libre, nous pouvons pratiquer notre foi, aller à l'église. Mais dans les faits, nous n'avons pas tellement de liberté dans notre pays", témoigne une catholique laotienne, catéchiste et coordinatrice de jeunes. Au Laos, l'Eglise est aux mains des laïcs, et ce sont eux qui prennent en charge la communauté et son développement.

Avant la "libération" de 1975, l'Eglise s'occupait d'hôpitaux et d'écoles. "Mais on nous a pris toutes les églises et les écoles". Toujours considéré comme un pays de mission, le Laos compte en effet quatre vicariats apostoliques: Luang Prabang, Paksé, Savannakhet et Vientiane. "A Luang Prabang, l e gouvernement veut que cette ville soit préservée étant donné qu'elle a été inscrite par l'UNESCO au titre d''Héritage Mondial'", dit encore cette catholique laotienne. "Pour cela, les autorités ne veulent voir aucune croix dans cette très belle ville."

Le préfet apostolique, Mgr Tito Banchong, ne peut avoir de maison sur place mais il s'y rend deux ou trois fois par mois pour y dire la messe, d'une façon "souterraine", c'est-à-dire dans des maisons appartenant à des laïcs. Les fidèles rassemblés sont toujours prêts à partir si la police vient. Il reste après la messe, parfois pour une nuit. Il doit ensuite rentrer à Vientiane, où il réside: c'est-à-dire qu'il doit faire quatre à cinq heures de voyage en voiture.

Il est d'ailleurs obligé d'obtenir une permission du gouvernement chaque fois qu'il souhaite se déplacer dans l'une ou l'autre des six provinces de son territoire ecclésial. L'Eglise catholique est certes légale dans la République Démocratique Populaire Lao. "Nous sommes connus du gouvernement, car nous avons rempli l'obligation d'être enregistrés. Mais quelle que soit l'activité que nous entreprenons, nous devons en avertir le gouvernement. Nous devons avoir une permission, et si nous ne l'obtenons pas, nous ne pouvons pas l'organiser."

Au Laos, tous les évêques sont Laotiens, il n'y a aucun prélat étranger, et de toute façon le gouvernement ne l'autoriserait pas. Si l'Eglise laotienne est tenue de se faire discrète, elle n'est pas souterraine.
La religion chrétienne est perçue comme celle des anciens missionnaires français et des colons. Les autorités considèrent qu'il s'agit là d'une religion étrangère, ennemie des communistes. Un moment donné, il était même interdit pour cette raison de parler français. JB (source : Agence Fides - information : Eglises d'Asie-EDA)

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