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30 et 31 décembre 2004 (semaine 53)
 

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04-12-31 - Terre Sainte
DES DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES SUSPECTES.


Grotte de saint Jean-Baptiste, village de Cana, piscine de Siloé : c'est souvent à Noël que ces découvertes sont annoncées, le temps de Noël n'est-il pas propice aux annonces sensationnelles, dont on peut douter de l’authenticité.

L’archéologie en Terre sainte est devenue un enjeu politique, certains courants maximalistes étant prêts à tout pour montrer l’ancienneté de l’installation juive en Israël et prouver ainsi leur droit sur la terre. Pour des organismes de voyages, c'est aussi une occasion de relancer le tourisme.

Il y a quelques années, c'était l’affaire de la "tablette de Joas", une tablette de pierre noire datée du IXe siècle av. J.-C., décrivant des travaux de restauration du Temple de Salomon sous le roi Joas. C’était un faux.

À quelques kilomètres d’Ain Karim, où la tradition chrétienne situe la naissance de Jean-Baptiste, l’archéologue britannique Shimon Gibson a affirmé, début décembre, avoir découvert une grotte contenant un bassin rectangulaire où des rituels d’immersion auraient eu lieu au Ier siècle. Parmi les décorations : des croix, une tête décapitée et un homme "vêtu d’un vêtement en poil de chameau", ce qui est décrit dans l'Évngile au sujet de la mort de saint Jean-Baptiste.

Le 21 décembre, le département israélien des antiquités indiquait dans un communiqué la découverte de fours et de bassins à quelques centaines de mètres du village de Kafr Kanna, nom actuel du village de Cana. On pouvait ainsi localiser le site du miracle de l'eau changé en vin dans les urnes de la noce familiale.

Autant de découvertes qui laissent les spécialistes de l’archéologie pour le moins dubitatifs. "On a certainement trouvé un bain rituel près d’Ain Karim mais est-il celui qu’utilisait Jean-Baptiste pour baptiser à cet endroit, comme dans d’autres que citent les Évangiles : pourquoi se serait-il limité à un seul lieu ?", interroge le P. Frédéric Manns, directeur du Studium franciscain de Jérusalem. "Quant au site de Cana, cela n’a rien d’une nouveauté, explique encore le P. Manns. On savait déjà qu’il y avait deux Cana, dont celui qui a été “découvert” et où on a même fait la mémoire liturgique du miracle de Jésus jusqu’au XVe siècle."

"On a l’impression d’une industrie de la découverte archéologique qui sait bien jouer du temps liturgique", regrette le P. Marchadour, religieux assomptionnistes vivant à Jérusalem. Une industrie qui n’hésiterait d’ailleurs pas à fabriquer de faux vestiges, comme l’a montré la police israélienne, en juillet 2003, avec l’arrestation du collectionneur Oded Golan. Selon le quotidien Haaretz, elle aurait même découvert à son domicile de Tel-Aviv un atelier où se côtoyaient des "antiquités" à différents stades de leur fabrication.
Parmi les objets sensationnels "découverts" par Oded Golan : le fameux ossuaire du Ier siècle portant l’inscription "Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus" et une grenade d’ivoire où est gravé "Don sacré des prêtres de la maison de Dieu", laissant supposer qu’il faisait partie des objets de culte du Premier Temple détruit en 586 av. J.-C. Deux objets qui se sont révélés être des faux ! (source : la Croix - information : Studium biblicum franciscanum-sbf)

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