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du 1 au 3 janvier 2007 (semaine 01)
 

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2007-01-03 - Inde
UN PIONNIER DE L'INCULTURATION

L'archidiocèse de Calcutta célèbre le centenaire de la mort de Brahmabandhav Upadhyay, un hindou de la haute caste des brahmanes qui devint catholique et tenta d'inculturer la foi chrétienne en Inde.

Pour marquer l'ouverture de l'anniversaire du centenaire de sa mort, Mgr Lucas Sirkar, archevêque de Calcutta, a invité, le 13 décembre dernier, une centaine d'intellectuels à l'archevêché de Kolkata (Calcutta). Mgr Lucas Sirkar a expliqué qu'Upadhyay était hindou par sa naissance et sa culture mais catholique par sa foi, même si la hiérarchie de l'Eglise de l'époque ne pouvait comprendre sa démarche.

A sa naissance, en 1861, près de Kolkata, Upadhyay se prénommait Bhavani Charan Banerjee. Le XIXe siècle auquel il appartenait connaissait alors une renaissance de la culture indienne et l'émergence d'un néo-hindouisme enrichi de l'apport du contact avec le christianisme. Réciproquement, cette renaissance de l'hindouisme marquait aussi les penseurs chrétiens dont certains étaient des convertis de l'hindouisme.

Animés par cette redécouverte du riche héritage intellectuel et spirituel de leur pays et par l'esprit nationaliste progressant, ils essayèrent de donner expression au « Christ oriental selon le titre d'un livre, publié en 1883, par Pratab Chander Mozoomdar.

Upadhyay fut un des représentants les plus typiques de ce mouvement. Brahmane bengalais, personnalité à la fois dynamique et inquiète, il se convertit à l'anglicanisme à l'âge de trente ans et, six mois après, devenait catholique, prenant le nom de Theophelos ('aimé de Dieu').

Plus tard, il opta pour le nom de Brahmabandhav Upadhyay, la traduction en sanscrit de son nom de baptême. Nationaliste passionné, il lutta pour affranchir le christianisme de son emprise occidentale. Voulant pratiquer sa nouvelle religion dans sa propre culture, il marchait pieds nus et portait la robe safran d'un hindou sanyasin (ascète). Il se fit l'avocat d'une liturgie indigène et fonda le journal Sophia dans lequel il cherchait à allier la foi chrétienne et la philosophie du Vedanta. A tous, il parlait de Dieu et de son désir de rester un chrétien en Inde où il vécut une vie de d'ascète jusqu'à sa mort, le 27 octobre 1907.

Upadhyay vécut comme un homme ayant trois identités : chrétienne, hindoue et indienne, qu'il a essayé de concilier pleinement, à la fois un véritable patriote indien, un hindou de culture et un bon catholique, voulant insuffler la culture indienne dans le christianisme.

T
out en étant hindou en termes de culture et de tradition, Upadhyay chérissait la vérité chrétienne et le salut individuel, qu'il proclamait avec zèle auprès des Indiens. En même temps, il pensait que le christianisme ne croîtrait jamais en Inde sans se greffer aux traditions indiennes. Ses recherches lui avaient révélé, en effet, « le peu de considération » des hindous d'alors pour le christianisme, des hindous qui rejetaient les vêtements à l'européenne, les coutumes alimentaires et les autres usages issus de Grande-Bretagne.

Il avait été critiqué alors par les milieux ecclésiastiques de l'époque lorsqu'il permit aux élèves hindous de l'internat qu'il avait fondé d'assister à une cérémonie en l'honneur de Saraswati, la déesse hindoue du savoir. Pour Upadhyay, Saraswati était le symbole, non d'une déesse, mais du savoir et des arts, exactement comme l'Europe a ses statues représentatives d'idéaux tels la foi, la sagesse ou la libération.

Le r
esponsable de la Commission pour le dialogue et l'oecuménisme, du diocèse de Calcutta, a fait cette recommandation : « Tous devraient lire ce grand homme et devraient accepter ses chemins d'inculturation pour qu'ainsi, ayant rencontré Dieu, nous puissions nous tourner vers les hommes des autres religions. » Il a rappelé que son Vande Saccidanandam ,un bhajan (hymne) en sanscrit en l'honneur de la Sainte Trinité et chanté dans les églises, était un « héritage durable » de la tentative d'Upadhyay de créer une théologie indienne. (source et complément d'information : Eglises d'Asie-EDA)

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