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FlashPress - Infocatho
du 7 au 10 janvier 2007 (semaine 02)
 

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2007-01-10 - RD Congo
SERVITEUR DE LA FOI ET DE LA VÉRITÉ

Le 6 janvier le cardinal congolais Frédéric Etsou quittait ce monde. Il fut une des grandes figures de l'Église africaine, dans une période difficile pour la République démocratique du Congo. Le Pape vient de le saluer, au moment de son décès.

"Apprenant avec émotion le décès du cardinal Frédéric Etsou-Nzabi-Bamungwabi, je tiens à vous exprimer ma profonde union de prière avec l'archidiocèse de Kinshasa, avec les évêques de la Conférence épiscopale Nationale du Congo, avec les membres de la Congrégation du Coeur Immaculé de Marie, ainsi qu'avec la famille du défunt et toutes les personnes affectées par ce deuil.

"Je prie le Dieu des miséricordes d'accueillir dans la lumière et la paix de son Royaume ce pasteur qui a consacré sa vie au service du Christ et de l'Église, en particulier dns le diocèse de Mbandaka-Bikiro et dans celui de Kinshasa, avec ardeur et dévouement. Je rend grâce pour le ministère de cet éminent fils de l'Afrique, qui fut aussi président de la Conférence épiscopale et qui s'est dépensé pour l'annonce de l'Évangile, pour le service et pour la promotion des peuples de ce continent.

"En gage de réconfort, je vous accorde de grand coeur ainsi qu'aux autres évêques de la République Démocratique du Congo, à la famill du défunt, aux prêtres, aux religieux et religieuses, aux catéchistes et à tous les fidèles de l'archidiocèse de Kinshasa, une prticulière et affetueuse bénédiction apostolique. Benoît XVI."

Joseph Kabila, président élu de la République démocratique du Congo (RDC), a fait part le 7 janvier de sa "consternation" à la nouvelle de la mort du cardinal Etsou. Il a décrété un jour de deuil national pour honorer la mémoire de l’archevêque de la capitale congolaise.

L'archevêque de Kinshasa disparaît au moment où l'Eglise et les chrétiens de la RDC, face aux grenouillages politiques de l'heure, avaient encore besoin d'un pasteur au verbe haut.

Dans ses derniers jours, le prélat, bien que retenu à Bruxelles pour raisons de santé, ne s'est pas privé, le 30 novembre 2006, d'adresser un message fort à l'Assemblée plénière de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). Il avait envoyé ce qu'il appelait «ma contribution personnelle». Il priait «avec courtoisie la présidence de la Cenco de la lire (à l'intention des évêques) et de l'intégrer, si possible, dans le document final» de leurs assises.

Ce que nous pouvons appeler l
e testament du cardinal brocarde sans fioritures la nébuleuse communauté internationale. Il fustige les prétentions de quelques Africains sur les ressources de la RDC. Il condamne la complicité de certains Congolais dans la mort du pays. Il dénonce le néocolonialisme qui plane au-dessus du fleuve Congo.

"
Nous, pasteurs du peuple de Dieu, avons une mission délicate et difficile : celle d'être serviteurs du Logos, serviteurs du Verbe incarné, serviteurs de la vérité et non du mensonge. Et cela, avec courage".

Face aux théories occidentales vantant le libéralisme, la privatisation, la globalisation, le cardinal Etsou exprimait ses convictions. "Que deviendra le peuple congolais dans toutes ces théories qui ne reflètent que les égoïsmes subtils, les différentes stratégies de spoliation totale des richesses de la RDC ?»

Et il en tirait cette conclusion : "Nous sommes déjà un peuple néo-colonisé, un territoire sous tutelle. Et c'est grave !"

Sur le vrai-faux débat congolais Est-Ouest, le cardinal exhortait ses compatriotes à "fermement condamner la logique dans laquelle la communauté internationale, avec la complicité de quelques Congolais, nous a enfermés, logique selon laquelle l'Est appartiendrait à J. Kabila et l'Ouest à J.P. Bemba"

Finalement, le testament suggère à la Conférence épiscopale, la Cenco d'envisager "de ne concéder à aucun prêtre congolais l'autorisation de travailler dans les structures politiques au niveau national ou provincial" (source : VIS et Allafrica).

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