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FlashPress - Infocatho
du 7 au 10 janvier 2007 (semaine 02)
 

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2007-01-10 - Serbie
ENTRE L'ORTHODOXIE ET LA POLITIQUE

Avec l'ensemble des Églises d’Orient qui célébraient l'Épiphanie, le "Noël" pour les orientaux, dimanche 7 janvier, la Serbie, où orthodoxie et politique restent intimement mêlées, a célébré cette fête d'une manière inhabituelle à la veille des élections.

À deux semaines de ces élections législatives, les décorations du  Nouvel An étaient cependant plus visibles que les affiches des partis. Et chacun attendait la lecture du message traditionnel du patriarche Pavle de Serbie. Après des années de dictature et de guerres, beaucoup de Serbes, désorientés, se sont tournés vers l’Église comme vers une boussole identitaire. Et les messages du patriarche Pavle, qui, malgré ses 93 ans, n’a pas l’habitude de mâcher ses mots, font autorité.

Pourtant, cette année, surprise : pas un mot sur le scrutin, mais une condamnation implacable de l’avortement, légal depuis 1951 en Serbie. Contrairement aux Noëls précédents, le patriarche de Belgrade s’est également abstenu de proclamer avec virulence que le Kosovo est serbe et restera serbe.

Des propos mesurés étonnants, alors que l’on  attend dans les semaines à venir la proposition des Nations unies sur le statut final de cette province, depuis bientôt huit ans en statu quo et peuplée en majorité d’Albanais. Le Kosovo est l’un des thèmes les plus épineux de la campagne. Le patriarche exhorte cependant les Serbes minoritaires du Kosovo  « à tenir jusqu’au bout »  .  « Car,  ajoute  t-il,  vous êtes en train de vaincre vos persécuteurs. Nous croyons que les gens violents auront honte de leurs actes. Et nous prions aussi pour nos ennemis, afin qu’ils comprennent que le mal n’apporte jamais de bonnes solutions. »

Depuis sa fondation en 1209 par saint Sava, frère de Stefan, premier roi serbe, l’Église orthodoxe serbe a pour clé de voûte le lien fondamental entre religion et idéologie nationale. Actuellement elle cherche sa place. Les propos mesurés du patriarche Pavle ressemblent à une imperceptible remise en question du rôle de l’Église dans les affaires de l’État. (pour plus d'information : Orthodoxie)

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