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du 11 au 13 janvier 2007 (semaine 02)
 

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2007-01-13 -
L
'IMPOSITION DES MAINS DOIT ÊTRE RÉFLÉCHIE

Benoît XVI a lancé mercredi un appel à peine voilé à la prudence dans le choix des évêques, trois jours après la démission de Mgr Stanislaw Wielgus dont le processus de nomination souligne quelques "lacunes", si l'on en croit les "vaticanistes".

Durant la catéchèse de son audience générale hebdomadaire, il a évoqué le choix des cadres religieux dans les premiers temps du christianisme, intronisés comme les évêques aujourd'hui par la cérémonie de l'imposition des mains.

" Le geste de l'imposition des mains peut avoir diverses significations. Dans l'Ancien Testament, ce geste a surtout la signification de transmettre une charge importante, comme le fit Moïse avec Josué (cf. Mb 27, 18-23), désignant ainsi son successeur. Dans ce sillage, l'Eglise d'Antioche utilisera également ce geste pour envoyer Paul et Barnabé en mission aux peuples du monde (cf. Ac 13, 3). C'est à une imposition analogue des mains sur Timothée, pour lui transmettre une fonction officielle, que font référence les deux Epîtres de Paul qui lui sont adressées (cf. 1 Tm 4, 14; 2 Tm 1, 6).

" Le fait qu'il s'agisse d'une action importante, devant être accomplie avec discernement, se déduit de ce que l'on lit dans la Première Epître à Timothée : « Ne te hâte pas d'imposer les mains à qui que ce soit. Ne te fais pas complice des péchés d'autrui » (5, 22). Nous voyons donc que le geste d'imposition des mains se développe dans la lignée d'un signe sacramentel. Dans le cas d'Etienne et de ses compagnons, il s'agit certainement de la transmission officielle, de la part des Apôtres, d'une charge et, dans le même temps, de l'imploration d'une grâce pour l'exercer."

L'imposition des mains "est une action importante, à accomplir avec discernement", a-t-il souligné en illustrant son propos d'une phrase de saint Paul recommandant de "ne pas se hâter d'imposer les mains à quelqu'un, pour ne pas se faire complice des péchés d'autrui".

Le pape a été contraint dimanche d'accepter la démission de Mgr Stanislaw Wielgus qu'il avait nommé archevêque de Varsovie le 6 décembre, après la révélation des liens passés entretenus par le prélat avec l'ancienne police politique polonaise. Or, comme toutes les candidatures d'évêques, celle de Mgr Wielgus au poste le plus prestigieux de l'épiscopat polonais avait été proposée au Vatican par le nonce apostolique après consultation de la conférence épiscopale polonaise.

Selon Sandro Magister, un observateur vaticaniste bien renseigné, le dossier sur le passé de Mgr Wielgus ne serait jamais arrivé là où il aurait dû arriver, c'est-à-dire aux instances romaines et à la congrégation en charge de la nomination des évêques.

Ce que Benoît XVI ne peut accepter. Il suffit pour cela de se reporter au 25 mai dernier, le premier jour de son voyage en Pologne. Le Pape s’était agenouillé sur la tombe de l’héroïque cardinal Stefan Wyszynski, le désignant comme un modèle pour tout le monde.

Et aux évêques, au clergé et aux fidèles de Pologne, il avait demandé entre autres trois choses : “humble sincérité” dans l’admission des erreurs du passé; la magnanimité dans le jugement sur les fautes commise “en d’autres temps et dans d’autres circonstances”; la fierté pour tout le bien accompli ces années-là en résistant au totalitarisme qui “générait l’hypocrisie”.

Sandro Magister pense qu'aucune de ces trois consignes n’a été respectée dans les semaines fébriles entre la nomination et la démission de Wielgus. Sans aucun doute, Benoît XVI, sans bruit, mettra de l'ordre dans les circuits de transmission à l'intérieur du Vatican, et certains prélats polonais se verraient sans doute chargés d'un ministère pastoral dans les paroisses de leur pays.

Dans le même temps, "l’ennemi extérieur "a joué sa part dans “cette campagne contre l'Église en Pologne” comme l'a dénoncé le 7 janvier le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, un ennemi qui, en Pologne même, agit comme une "bizarre alliance entre ses ennemis d'hier et d'autres adversaires”.

On retrouve les vives campagnes de la station polonaise Radio Maryja rappelé à l'ordre par Benoît XVI lui-même, une radio très "identitaire" qui a souillé, et accusé de collusion avec le régime communiste même, cette figure de son renversement pacifique, Lech Walesa, pour ensuite défendre jusqu’au dernier moment l’archevêque Wielgus, grand protecteur de la station, contre ces mêmes accusations.

Il y a les guerres entre factions catholiques, entre les intransigeants et les libéraux, à coup de documents exhumés de la police secrète de l’ancien régime. Des kilomètres de pages entreposés maintenant dans les archives non plus secrètes de l’Institut de la Mémoire nationale, peut-être des ”copies de pages photocopiées trois fois” que l’on peut facilement agiter contre n’importe quelle personne, même innocente, a tonné l’ancien archevêque de Varsovie, le cardinal Józef Glemp, dans son homélie du 7 janvier.

Il y a les professionnels de l’accusation comme le P. Tadeusz Isakowicz-Zaleski,qui va éditer prochainement un livre et qui, lui aussi suspecté de collaboration, s’est curieusement fait le chasseur infatigable des coupables, avec la permission, à ses dires, de l’archevêque de Cracovie et ancien secrétaire de Jean Paul II, le cardinal Stanilaw Dziwisz.

Paradoxalement, c’est justement Dziwisz et son entourage qui sont aujourd’hui au centre de la dernière vague d’accusations.

Le Vatican semble excédé. La Pologne devrait examiner également le passé de ses actuels dirigeants politiques pour voir si certains ont collaboré avec le régime communiste, comme cela a été décidé pour ses évêques, a estimé vendredi le numéro deux du Vatican, le cardinal sécrétaire d'État, Tarcisio Bertone.
"Je serais content si cet examen se faisait également pour les fonctionnaires des partis, pour les hommes politiques et pour les administrateurs publics dans la société polonaise", a-t-il déclaré. (informations : Chiesa et Service de presse du Vatican)

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