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2007-01-13 -
EST-CE BIEN LE MUSÉE DU LOUVRE

Quatre-vingt-dix conservateurs et directeurs de musée ont signé une pétition contre le projet d’implantation d’un musée labellisé « Louvre » à Abou Dhabi. Mais on ne pourra y exposer ni statues de nus artistiques ni statuaires religieuses, ni crucifix.

Abou Dhabi, capitale administrative des Émirats arabes unis, veut développer sur l’île de Saadyat un vaste complexe touristico-culturel avec hôtels, plages, golfs, un opéra et quatre musées. La création de l’un d’eux, dédié à l’art contemporain, vient d’être confiée à la fondation américaine Guggenheim, alliée à l’architecte Frank Gehry, contre 400 millions de dollars (310 millions d’euros).

Le musée labellisé « Louvre », pour lequel les Émirats ont sollicité, il y a un an, le gouvernement français, devait à l’origine abriter des collections classiques d’art occidental, expurgées cependant des représentations de nus ou de certaines scènes religieuses comme les crucifixions.

Devant les fortes réticences du président du Louvre, Henry Loyrette, le gouvernement français a obtenu d’élargir le contenu aux arts décoratifs, ainsi qu’aux arts premiers et aux arts asiatiques. "Tous les musées de France pourront ainsi être amenés à prêter des œuvres, sur la base du volontariat," assure-t-on dans l’entourage du ministre français de la culture.

Le label « Louvre » servirait à la fois de garantie et d’enseigne pour les touristes. Mais ce musée "partiel" et partial peut-il porter un titre aussi prestigieux, alors qu'il dénature le véritable Musée du Louvre comme lieu d'un patrimoine universel et sans exclusive.

Le 12 décembre dernier, dans une tribune publiée dans Le Monde  et intitulée « Les musées ne sont pas à vendre », Françoise Cachin, ancienne directrice des musées de France, Jean Clair, ancien directeur du Musée Picasso, et Roland Recht, professeur au Collège de France, ont dénoncé ce projet dans lequel ils voient une  « utilisation commerciale et médiatique des chefs-d’œuvre du patrimoine national »  qui  « ne peut que choquer »  . Depuis, plus de 1 400 personnes, dont 90 conservateurs et directeurs de musée, 60 professeurs et maîtres de conférence en histoire de l’art, ont signé ce texte dans une pétition qui devait être publiée ces jours-ci sur le site latribunedelart.com.

Le ministre français de la culture Renaud Donnedieu de Vabres voit au contraire dans ce projet  « un très beau symbole de la capacité de rayonnement international de notre pays »  et la  « possibilité d’un dialogue entre les cultures, arabes et européennes, qui est en soi très positif » ... un dialogue où toute la culture ne peut pas s'exprimer puisque l'on doit faire l'impasse et le silence sur de nombreux éléments culturels qui en seront exclus, ne serait-ce que toute la peinture religieuse. (information : tribune de l'art )

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