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FlashPress - Infocatho
du 22 au 24 janvier 2007 (semaine 03)
 

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2007-01-24 -
L
E PATRIARCHE BARTHOLOMÉE PARLE DE L'EUROPE

Le patriarche de Russie Alexis II et le pape Benoît XVI ont été invité à venir s'exprimer devant le Conseil de l'Europe. Le patriarche oecuménique a répondu à cette invitation par une intervention d'une grande richesse historique et doctrinale.

... "Nous représentons devant vous une très ancienne institution européenne, puisqu’elle existe depuis près de dix-sept siècles, ce qui fait peut-être d’elle la deuxième institution la plus ancienne d’Europe. Ceux d’entre nous qui la servent n’admettraient en aucun cas de la voir se cantonner dans un rôle équivalent à celui de gardien de musée."

... "En d’autres termes, la valeur de votre accueil tient à votre intérêt pour le témoignage actif et la proposition de vie que cette institution exprime, même en notre temps. Cette proposition a une ampleur œcuménique, c’est-à-dire internationale et universelle."

Il a tout d'abord rappelé l'histoire du patriarcat de Constantinople et la place qu'elle lui déterminait dansl'Église du Christ. ..."Il a obtenu le droit d’avoir sous son autorité tous les territoires situés hors des frontières de l’Empire byzantin qui ne relevaient de la juridiction d’aucun autre patriarcat. Cela étendit et intensifia la communication du Patriarcat avec une multitude de peuples et de traditions, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières légales de l’Empire, de sorte que le dialogue avec les peuples ayant une autre religion comme avec les chrétiens hétérodoxes devint partie intégrante de son existence."

... "En 1453, après que l’Empire ottoman eut succédé à l’Empire byzantin, le Patriarcat œcuménique est devenu le représentant, auprès du Sultan, de tous les chrétiens vivant dans les limites du nouvel empire. Il apparaît que le Patriarcat œcuménique a maintenu un constant dialogue avec le monde musulman, mais pas toujours sur un pied d’égalité.

" Depuis près de six siècles, le Patriarcat œcuménique vit avec des musulmans et dialogue avec eux à plusieurs niveaux, en poursuivant des objectifs différents. Ainsi que nous avons coutume de le dire en Turquie, nous entretenons avec nos frères musulmans non seulement un dialogue académique, mais aussi le dialogue de la coexistence."

... "L’histoire nous a enseigné aussi qu’à de nombreuses reprises dans le passé, comme en certaines occasions à notre époque, des motifs religieux ont été invoqués afin de pousser des individus, voire des populations entières à la guerre ou d’exaspérer l’activisme des parties en présence. Parmi ceux qui cherchent à entrevoir l’avenir de l’humanité, il en est même qui jugent inévitable un affrontement sanglant entre les religions et les populations ayant des religions différentes. Certains vont jusqu’à croire que Dieu a besoin de leur force pour imposer Sa volonté au monde."

..."Quiconque est appelé à trancher un différend judiciaire doit entendre soit les deux parties en présence, soit le plaidoyer de l’accusé, ce qui repose sur le principe du dialogue. Avec la règle suprême du dialogue qui en découle, il y a là l’expression sublime du respect de la personne humaine. Le pape Benoît XVI n’a du reste pas dit autre chose dans son message du Nouvel An 2007. C’est ce respect qui constitue le critère principal du niveau de développement spirituel de toute personne ; c’est en lui qui résident à la fois la règle fondamentale et l’inébranlable piédestal de tous les droits de l'homme."

... "Le dialogue interreligieux appliqué à la religion elle-même est l’un des dialogues les plus difficiles, car les religions dites révélées reposent sur l’affirmation qu’elles sont l’expression du divin par la révélation de Dieu lui-même. Toutefois, la dispersion des groupes religieux et les convictions opposées qu’ils professent prouvent que certains ont tort par défaut, une religion excluant nécessairement l’autre ; or il est, bien sûr, impossible et impensable que Dieu puisse se contredire lui-même."

... " À ce propos, nous devons dire que le Patriarcat œcuménique et la minorité orthodoxe grecque de Turquie estiment qu’ils ne jouissent toujours pas pleinement de leurs droits : ainsi, le Patriarcat œcuménique n’est-il toujours pas légalement reconnu, l’École théologique de Chalki est interdite, de nombreuses questions de propriété et autres se posent. Nous reconnaissons toutefois que nombre de réformes ont été faites et que des mesures remarquables ont été prises pour mettre le droit interne en conformité avec les normes européennes. C’est pourquoi nous avons toujours soutenu les ambitions européennes de la Turquie, dans l'espoir de voir adopter les mesures qui restent à prendre pour satisfaire aux critères de l’Union européenne."

... "Nous, premier évêque de l’Église orthodoxe, Nous devons de servir la dimension humaine et pacifique de l’Évangile chrétien. C’est avec le courage que Nous donne cette mission que Nous osons, du fond du cœur, lancer cet appel à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, c’est-à-dire aux personnes dont la responsabilité est de jouer le rôle décisif des sociétés européennes dans l’ordre et la paix du monde."

"Utilisez, chers amis, votre influence, votre art et votre science politiques pour restaurer la libre existence et la libre expression des traditions religieuses dans notre monde." (source : Orthodoxie)

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