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du 25 au 28 janvier 2007 (semaine 04)
 

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2007-01-28 -
L'AVENIR DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE AU JAPON


L'Église a-t-elle un avenir au Japon ? La réponse à première vue peut être décourageante dans un Japon qui voit sa population décliner et vieillir. Mais peut-on en dire autant de l'Église, même si elle connaît une situation semblable.

Pour ce qui est de l'ensemble de la population, le déclin a commencé en 2005. Les prévisions estiment une diminution de plus de 8 % de la population d'ici à vingt-cinq ans. Non seulement la population décline mais elle vieillit.

En 2000, on comptait 18,5 millions de jeunes de moins de 15 ans. Ils représentaient 15 % de la population. En 2030, ils ne seront plus que 11 %. Les 15-65 ans, le coeur de la population active, représentent 68 % de la population actuelle, mais les pronostics prévoient qu'ils n'en formeront plus que 59 % dans un quart de siècle.

On pouvait lire dans le Livre blanc du ministère de l'économie, du Commerce et de l'Industrie en 2005 : « Avec la baisse du taux de natalité, une société âgée et une population déclinante, l'économie japonaise ne connaîtra à long terme qu'une faible expansion, tandis que l'économie mondiale, spécialement celle de l'Asie de l'Est, pourra compter sur une croissance soutenue. »

Le Japon a-t-il encore un avenir ? Ceux qui connaissent la société japonaise dans sa totalité répondent à la question par un : « Oui, si. » Le Livre blanc cité plus haut affirme : « Si le Japon voulait essayer de compenser le déclin des forces de travail de sa population par celles de travailleurs migrants, il devra accepter annuellement des centaines de milliers de ces travailleurs. » Une projection évoque le chiffre de 900 000 personnes par an. En 2003, le Japon a accepté 23 000 travailleurs étrangers seulement. Si le Japon se décidait à accepter plus d'étrangers, l'avenir se présenterait différemment. Mais le pays, lui aussi, serait différent.

Bien qu'il n'existe aucune recherche statistique capable de fournir une réponse complète, spécialement au sujet des laïcs, on peut supposer sans grand risque de se tromper que la dynamique qui anime le Japon dans son ensemble se retrouve dans l'Eglise. Le clergé et les assemblées des fidèles vont en vieillissant.

En 2005, il y avait
1.667 prêtres et l'âge moyen était de 61 ans. Parmi eux, 611 (soit 37 %) avaient plus de 70 ans et 435 seulement moins de 50 ans. A en juger par la prépondérance des cheveux gris dans les assemblées des fidèles, le même vieillissement se constate chez les laïcs.

Le nombre des baptêmes est en baisse rapide. Dans les années 1990, les baptêmes d'enfants étaient environ de 5.000 par an. Ce chiffre est tombé à 4.000 depuis 2000 et beaucoup de ses enfants baptisés sont des enfants de migrants.

Il y a une dizaine d'années, quelque 10.000 adultes rejoignaient l'Eglise catholique chaque année. Leur nombre n'est plus que de 7.000 environ.

En 2004, on a compté 3 633 décès chez les catholiques. De surcroît, le nombre des non-pratiquants augmente régulièrement. Beaucoup de ceux qui ont été baptisés dans l'immédiat après-guerre décèdent. Il n'est pas loin le moment où le nombre des décès dépassera celui des baptêmes. Quant au nombre des pratiquants catholiques japonais réguliers, qui se maintenait à environ 400 000, il va lui aussi commencer à décliner.

Mais il y a aussi une embellie pour l'Église.
L'an dernier, pour la première fois de son histoire, le nombre des catholiques au Japon a dépassé le million. La raison de cette augmentation est l'afflux des étrangers qui arrivent légalement ou non au Japon viennent du Brésil, du Pérou ou des Philippines. Ils sont jeunes et viennent de pays à prédominance catholique.

Jusqu'ici la réponse de l'Eglise du Japon a été assez bonne à cet afflux de fidèles. Nombre de prêtres ont appris au moins à administrer les sacrements en portugais, en espagnol ou en anglais. Les paroisses ont ouvert leurs locaux aux migrants.

Pourtant, une difficulté demeure. Ces nouveaux arrivants sont encore globalement considérés par les évêques, les prêtres et les laïcs comme un problème à traiter. Vouloir résoudre les besoins pastoraux des étrangers est admirable, mais partir du principe qu'ils sont un problème est une grave erreur.

Il est temps de réaliser que plus de 600.000 catholiques non japonais au Japon sont l'Eglise du Japon. Les catholiques japonais sont une minorité, une minorité en déclin. Les responsables de l'Eglise au Japon, aussi bien ceux de la hiérarchie que du laïcat, sont-ils prêts à organiser et planifier leurs activités, l'évangélisation et la liturgie en fonction d'une Eglise pluri-ethnique, multiculturelle ou seulement japonaise ?

L'Eglise a-t-elle un avenir au Japon ? « Oui, si . » (source : Eglises d'Asie-EDA)

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