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8 au 10 février 2007 (semaine 06)
 

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2007-02-10 - Centrafrique
DANS LE NORD, L'INSÉCURITÉ N'ÉPARGNE PERSONNE


Villages abandonnés, population civile soumise aux racket, aux agressions et exactions de quiconque possède un fusil, routes dangereuses et pillages répétés, le nord du Centrafrique est devenu une terre sans foi ni loi, livrée aux bandes armées.

"Le banditisme a toujours existé dans la région, mais après le coup d’État qui a amené au pouvoir François Bozizé, l’actuel président centrafricain, le nombre de personnes qui possèdent une arme a beaucoup augmenté", raconte une source de l'agence missionnaire Misna.

"Peu importe, d’autant plus qu’il est difficile de le comprendre, que ces bandits soient de simples délinquants , des rebelles, des mercenaires ou des groupes venant de pays voisins, quiconque possède un fusil dicte sa loi" ajoute la même source. L’armée régulière est peu présente, et si elle peut elle évite l’affrontement avec ces individus ; et si affrontement il y a, "c’est pire" dit encore l’interlocuteur qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité.

"De temps en temps les autorités lancent des opérations de police, surtout une fois que les rebelles sont passés, et alors ce sont les civils qui en font les frais. Les villages sont incendiés, les habitants brutalisés voire tués parce qu’ils sont accusés d’être des collaborateurs" ajoute encore la source.

Selon les dernières estimations des Nations unies, au moins 70.000 Centrafricains sont réfugiés dans deux pays limitrophes, le Tchad et le Cameroun, et 150.000 civils sont des déplacés internes . Les villageois préfèrent aller vivre dans les villes plus grandes où ils se sentent un peu plus en sécurité ; soit ils vont chez des parents, soit ils se regroupent aux abords des grands centres, tels que Bouar, Bozou, Bossangoa et Batangafo.

C’est dans ce climat d’insécurité que s’insère la nouvelle, diffusée aujourd’hui par le Centre de coopération missionnaire des Frères capucins, de l’agression à main armée subie par le frère italien Norberto Munari près d’Ougo, d’où part la seule piste praticable en voiture pour le Sud.

Les bandits lui ont juste volé ce qu’il avait sur lui, mais cette agression est symptomatique de l’insécurité qui n’épargne personne. "Pour nous, c’est un peu normal, nous n’y faisons plus attention – raconte un missionnaire contacté dans le Nord du pays – mais ce sont les Centrafricains qui souffrent le plus de cette situation, c’est invivable.

Autrefois Ougo était un grand village, aujourd’hui il est presque réduit au néant. Les capucins y avaient un grand dispensaire, dans lequel ils avaient lutté, aux côtés de l’Organisation mondiale de la Santé, contre la maladie du sommeil, et qui était très important pour les populations des zones rurales frontalières. Mais les attaques et les pillages l’ont quasiment fait mourir".

Des décennies de conflits armés et d’instabilité politique ont freiné le développement de ce pays, l’un des plus pauvres du monde, privé d’infrastructures et de services de base. (source : Agence Misna)

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