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du 1 au 3 mars 2007 (semaine 09)
 

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2007-03-03 - Chine
LA PROCHAINE LETTRE DU PAPE A L'ÉGLISE DE CHINE

La lettre, annoncée en janvier et que Benoît XVI prépare actuellement pour les catholiques de Chine, sera prête avant Pâques et elle devrait consacrer le retour à l'unité des tous les catholiques de Chine et proposer un accord à Pékin.

De source bien informée, elle devrait aborder en particulier la question cruciale de l’unité de l’Eglise. En effet, depuis plusieurs décennies cohabitent en Chine une Eglise officielle, étroitement contrôlée par l’Association Patriotique, créée délibérément il y a bientôt cinquante ans par les autorités chinoises en opposition à Rome, et une Eglise non reconnue officiellement et fidèle au Siège apostolique de Rome.

Une séparation analogue entre officiels et clandestins touche aussi les communautés chrétiennes protestantes, qui ont en Chine un nombre de fidèles et un taux de conversions encore plus considérables.

En fait pour les Églises protestante et catholique, il n’y a pas d’opposition nette entre les officiels et les clandestins. Et l’objectif premier de l’Eglise de Rome est de colmater les brèches. Depuis longtemps, au sein des communautés catholiques officiellement reconnues par le gouvernement une évolution est en cours, qui les conduit à rechercher toujours davantage la communion avec le pape et à l’obtenir. Inversement, les groupes de catholiques clandestins qui refusent de reconnaître les officiels, accusés de trahir la foi, sont de moins en moins nombreux.

La plus grande difficulté pour les catholiques officiels consiste à obéir simultanément à l’Eglise universelle et à la politique séparatiste et anti-pontificale des autorités communistes. Mais cette politique est également en voie d’évolution. "Le fait inédit est que le gouvernement chinois semble prendre toujours plus ses distances par rapport à l'action de l'Association Patriotique".

Le 13 février dernier, Jia Qinglin, membre du bureau politique du parti communiste et président de la conférence politique consultative du peuple chinois a rencontré les dirigeants des Associations Patriotiques des religions officiellement reconnues: catholique, protestante, musulmane, bouddhiste, taoïste. A tous, il a affirmé que "les religions peuvent jouer un rôle positif" dans la construction d"une société harmonieuse", le slogan lancé par le président Hu Jintao. "L'harmonie sociale - a-t-il ajouté - doit être défendue chez les fidèles et leurs demandes et exigences doivent être entendues".

Peu de jours auparavant, une enquête officielle avait démontré que la Chine compte au bas mot 300 millions de croyants. Le père Cervellera, de l'Institut Pontifical des Missions étrangères et directeur de l'agence Asia News, fait la remarque suivante : "Cela signifie qu’au moins 200 millions de chinois ne se trouvent pas à l’intérieur des structures officielle contrôlées par les Associations Patriotiques. La raison en est claire: personne n’accepte de subir le contrôle des AP en matière de foi."

" C’est pourquoi le gouvernement, soucieux de préserver l’ordre social, perçoit la nécessité de traiter directement avec les communautés, mêmes clandestines, qu’elles soient catholiques ou protestantes. Il ne faut pas non plus oublier que, selon un document interne du parti communiste, un tiers de ses membres adhèrent à une religion. Puisque le parti leur interdit de participer aux cultes officiels, ils viennent augmenter les effectifs précisément vers les communautés clandestines".

De plus, les Associations Patriotiques sont détestées même par les fidèles qui y adhèrent. La quasi-totalité de biens des diocèses catholiques sont confisqués par les dirigeants de l'AP, qui encaissent les revenus des terrains et des maisons qu’ils vendent et louent, au lieu de les reverser aux diocèses.

En novembre 2005, à Xian, 16 religieuses ont été frappées parce qu’elles défendaient une école diocésaine, que les autorités locales avaient vendue après se l’être appropriée. Toute la communauté catholique s’est révoltée. Un mois plus tard, dans le Shanxi, il en a été de même pour la vente de bâtiments des diocèses de Taiyuan et de Yuci.

Dans ce contexte, les dirigeants du gouvernement chinois voudraient réduire le pouvoir de l’Association Patriotique. D’après des sources de "Asia News", le ministère des affaires étrangères serait même favorable à l’établissement des pleins rapports diplomatiques avec le Vatican.

Depuis la mort de Jean-Paul II, la diplomatie de Pékin adresse des messages de détente au Saint-Siège: les condoléances pour la mort de Jean-Paul II, une proposition aux religieuses de Mère Teresa d’ouvrir une maison en Chine… Autant de signaux auxquels s’oppose l’Association Patriotique, en empêchant l’arrivée des religieuses, en faisant arrêter les prêtres clandestins, en orchestrant des campagnes de presse et surtout en organisant des ordinations épiscopales illégitimes. (source : asianews et Chiesa)

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