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du 14 au 17 mars 2007 (semaine 11)
 

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2007-03-17 -
EN DÉSACCORD AVEC SON ENSEIGNEMENT CHRISTOLOGIQUE

"La Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) se voit obligée de communiquer que les œuvres mentionnées du Père jésuite Jon Sobrino présentent, dans certains points, de significatives discordances par rapport à la foi de l’Église".

Le P. Jon Sobrino, l’un des fondateurs de l’Université centraméricaine de San Salvador, est connu dans tout le milieu de l’Église latino-américaine pour ses écrits sur la théologie de la libération dont il est l’un des principaux représentants.

Sur les onze livres qu'il a publiés, les deux qu'il a édités respectivement l'un à Madrid en 1991 ("Jesucristo Liberador. Lectura histórico-teológica de Jesús de Nazaret”) et l'autre à San Salvador en 1999 ("La fe en Jesucristo. Ensayo desde las víctimas") ont été examinés et font l'objet de ce communiqué.

Dans sa note explicative du cas Sobrino, la CDF explique que "l’avis indique les étapes suivies selon la procédure urgente. Cette procédure a été choisie en considérant, entre autres, la grande diffusion de ces œuvres, en particulier en Amérique Latine. On y trouve de graves défauts, aussi bien d’ordre méthodologique que de contenu"

…"La Congrégation, précise-t-elle, ne prétend pas juger les intentions subjective de l’auteur, mais elle a le devoir d’attirer l’attention sur certaines affirmations non conformes à la doctrine de l’Église.

Ces affirmations se réfèrent à : 1) des suppositions méthodologiques énoncées par l’auteur, sur lesquelles se base la réflexion théologique, 2) la divinité de Jésus Christ, 3) l’incarnation du Fils de Dieu, 4) la relation entre Jésus Christ et le Royaume de Dieu, 5) l’autoconscience de Jésus Christ, 6) la valeur salutaire de sa mort".

Ayant discuté en vain (de 2001 à 2005) avec le religieux jésuite, le Vatican finit par constater que celui-ci s’écarte de la foi chrétienne sur des points aussi cruciaux que « la divinité de Jésus-Christ ; l’incarnation du Fils de Dieu ; la relation entre Jésus-Christ et le fils de Dieu ; l’auto conscience de Jésus-Christ et la valeur salvifique de sa mort ».

 L’Eglise ne reproche pas à Sobrino son engagement social aux côtés des plus pauvres, mais ses opinions à propos de Jésus-Christ, car le christianisme ne repose pas sur des « valeurs » mais sur la foi en la personne de Jésus-Christ : "si cette foi disparaît de l’esprit du théologien, celui-ci ne peut certainement plus enseigner la théologie".

La Faculté théologique catholique de Graz, dans le sud de l'Autriche, a apporté le vendredi 16 mars son soutien au P. Jon Sobrino, estimant qu'il représentait un "exemple lumineux" pour l'Eglise. "Le Père Sobrino est un exemple lumineux d'une théologie qui fait ce en quoi elle croit et qui est prête à courir des risques pour cela", ont déclaré les théologiens de cette faculté dans un communiqué.

Le Père Sobrino, qui n'a pas souhaité s'exprimer, avait déjà reçu mercredi 14 mars le soutien du religieux brésilien le P. Leonardo Boff, une autre figure de la théologie de la libération, qui a estimé que sa condamnation revêtait "une gravité particulière" et "désespérait les pauvres".

L'Ordre des jésuites ne va pas décréter de sanctions contre le religieux. C'est ce qu'a déclaré jeudi à l'Apic le Père Jose de Vera, porte-parole du Conseil général des jésuites. Le théologien de la libération est considéré par ses confrères comme un homme de science éminent et très réputé. Les citations de son œuvre reprochées par la Congrégation pour la doctrine de la foi amènent à des interprétations qui pourraient être comprises dans un sens contraire à celui de l'auteur.

La théologie de Sobrino est influencée par une expérience personnelle, accumulée notamment comme jeune prêtre durant le régime dictatorial au Salvador, souligne le Père de Vera. Sa proximité avec les pauvres, les torturés et les oubliés est à chercher dans les 60.000 victimes de la violence étatique.

L'Ordre des jésuites est "complètement en accord" avec tout ce qu'a écrit Sobrino, souligne le porte-parole du Conseil général. Il est cependant possible que le supérieur des jésuites demande au théologien de ne plus se prononcer sur les thèmes qui posent problème avec le Vatican. Sobrino va "accepter de bonne grâce les corrections, comme il l'a fait durant sa vie", affirme de Vera. (sources : Service de presse du Vatican et Agence Apic)

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