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2007-03-21 - Irak
LE PARI DES DOMINICAINS TÊTUS

Maintenir la présence chrétienne dans l'Irak d'aujourd'hui reste un pari, tenu par une poignée de dominicains dans un pays en guerre civile qui pousse à l'exode sa population, dont les quelque 650.000 membres estimés de cette communauté.

Selon le frère dominicain Yousif Thomas Mirkis, de passage cette semaine à Paris où il a accordé un entretien à l'AFP, ils sont moins d'une dizaine de dominicains irakiens avec le concours de l'ensemble de la minorité chrétienne à maintenir ouvert un séminaire à Erbil, dans le Kurdistan irakien, et à publier à Bagdad deux mensuels en arabe, Al-Fikr Al-Masihi (La Pensée Chrétienne ), l'un pour adultes, l'autre pour enfants.

Mais ils ne tirent respectivement plus qu'à 6.000 et 8.000 exemplaires, contre le double environ il y a deux ans et sont déficitaires. "Nous vivons de la pluie et du beau temps", dit le frère Yousif, leur rédacteur en chef.

Al-Fikr Al-Masihi, la plus vieille revue d'Irak fondée il y a 42 ans, a reçu ce mois-ci la médaille d'or de l'Union internationale catholique de la presse, l'UCIP, pour être "la voix de la paix et de l'harmonie entre les peuples".

Les sept frères dominicains encore présents en Irak préparent une collaboration à la publication, aux éditions du Cerf, qui est prévue en France l'an prochain d'une revue sur ces chrétiens catholiques d'Orient, "Araméens chrétiens, assyriens, chaldéens, syriaques".

"Les chrétiens d'Irak ont fondé les écoles et sont les promoteurs de la santé, des hôpitaux et des connaissances depuis la période des Abbassides", la dynastie qui gouverna le monde musulman depuis Bagdad de 750 à 1258, souligne le frère Yousif, polyglotte qui pratique 12 langues.

"Notre Église a évangélisé l'Asie jusqu'au 12ème siècle", ajoute-t-il fièrement, citant la Mongolie, la route de la Soie, l'Inde, le Tibet, et même le Sri Lanka. En Inde, cinq millions de chrétiens malabars du Kerala (sud-ouest) "s'affirment syriaques et se réclament de chez nous".

"Ne représentant que 3% des Irakiens, nous avons peut-être 35% des diplômes du pays" et une bonne partie des postes dans l'éducation et la médecine, dit-il. Nombre de chrétiens d'Irak ont eu des portefeuilles ministériels, dont le plus connu a été le vice-président du régime déchu de Saddam, Tarek Aziz, qui attend en prison d'être jugé.

"Jusqu'à l'invasion américaine (2003), nous avons fait un travail énorme. Mais nous avons arrêté les cours car les rassemblements sont devenus trop dangereux", explique ce dominicain, dans les ordres depuis 1974. "Il y a trop d'insécurité, de racket et de gangs", souligne-t-il.

"Comme toutes les minorités, nous avons le sentiment d'être menacés parce que nous sommes fragilisés par notre petit nombre", ajoute-t-il. En effet, la moitié des quelque 350.000 chrétiens qui vivaient à Badgad, ont fui en zone kurde, dans les pays voisins ou émigré. (information : Paris-Saint Dominique)

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