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2007-03-25 - Europe
UNE MÉCONNAISSANCE N'EST PAS UN OUBLI


Le chef du gouvernement italien Romano Prodi a affirmé samedi qu'il avait travaillé, sans succès, pour parvenir à une référence aux racines chrétiennes de l'Europe dans la Constitution européenne, rejoint en cela, le dimanche à Berlin, par Angela Merkel.

"J'ai oeuvré longuement et en silence pour introduire la référence aux racines chrétiennes dans la Constitution européenne", a déclaré l'ancien président de la Commission européenne, catholique pratiquant, lors du Congrès de la COMECE.

"Ne pas y avoir réussi ne signifie toujours pas que ce texte les méconnaît", a-t-il ajouté. "Nous avons renoncé avec tristesse à cette référence aux racines chrétiennes mais il y a des moments où il faut savoir tirer un trait sur le passé tout en sachant que ce patrimoine commun (chrétien, ndlr) est devenu notre mode de vie quotidien".

L'affirmation de M. Prodi suivait de quelques heures la sévère critique du pape Benoît XVI de l'Union européenne coupable, selon lui, de s'aliéner les populations du continent en reniant ses racines chrétiennes et son appel aux croyants à édifier un "nouvelle Europe"

"L'Europe est une solide communauté de valeurs et d'objectifs qui a plus que jamais besoin d'une pensée et d'une âme", a dit M. Prodi, appelant pour sa part à l'élaboration d'une Charte des valeurs de l'UE qui comprenne "le respect de la vie et de la dignité humaine, de la paix, de la liberté, de la tolérance, de l'Etat de droit et de la justice".

"Ce qui me préoccupe le plus dans la défense sereine et tranquille de nos propres valeurs est la mentalité d'être assiégé, d'être une minorité, que je vois également dans le monde chrétien", a conclu M. Prodi.

De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel, protestante pratiquante, a appelé dimanche les Européens à revendiquer leurs racines chrétiennes.

"Il ne fait aucun doute que nous (les Européens) sommes marqués par un héritage judéo-chrétien", a-t-elle affirmé à Berlin lors de la conférence de presse finale des célébrations des 50 ans du traité de Rome. "Si on veut mener un débat mondial sur les cultures et les religions, alors on nous demandera, à nous Européens, que non seulement nous revendiquions nos racines, mais aussi que nous les exprimions".

Interrogée sur les propos du pape, qui a accusé l'Union européenne de renier ses origines chrétiennes --une "singulière forme d'apostasie" selon lui--, Angela Merkel a déclaré "comprendre l'attitude de l'Eglise catholique". Elle a souligné s'être déjà entretenue sur ce sujet avec Benoît XVI, son compatriote, ainsi qu'avec son prédécesseur Jean Paul II.

Inclure de telles références dans de futurs traités européens "est une chose qui est souhaitée par un grand nombre de personnes en Europe", a-t-elle encore assuré, tout en reconnaissant que cela serait difficile. "Je suis réaliste et pas très optimiste" sur ce point, en raison des "traditions parfois séculaires" de séparation de l'Eglise et de l'Etat dans certains pays membres. qu'elle n'a pas nommés.

Angela Merkel, qu'on ne peut pas taxer d'être rétrograde, n'est pas isolée sur ce point. Elle a le soutien fervent du président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering.

Dans les débats infructueux menés en 2002 et 2003 sur l'introduction d'une référence aux valeurs chrétiennes de l'Europe dans la constitution européenne, l'Italie, l'Espagne, l'Irlande et la Pologne s'en étaient montrés les plus ardents défenseurs.La France, mais aussi la Belgique, sont viscéralement attachées à ce principe de la séparation de l'Église et de l'État. (source : Europe-Berlin)

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