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du 1 au 5 avril 2007 (semaine 014)
 

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2007-04-05 -
JÉSUS ET LES ESSÉNIENS DE QUMRAM

Il est inhabituel pour un pape de soulever un point d'histoire biblique controversé dans le cadre de son ministère pastoral. Or c'est ce qu'a fait, dans son homélie du Jeudi-Saint, Benoît XVI, qui est un théologien et un bibliste.

Il est à noter en effet qu'il a présidé pendant de longues années la Congrégation pour la doctrine de la foi ainsi que la commission biblique pontificale.

Durant son homélie prononcée lors de "la Cène du Seigneur" le Jeudi-Saint, dans la basilique Saint-Jean de Latran, sa cathédrale, le Pape a déclaré que Jésus "a célébré la Pâque avec ses disciples probablement selon le calendrier de Qumran, et donc au moins un jour avant" la date officielle de l'époque.

Ce
lien entre Jésus et les Esséniens, connus grâce aux "manuscrits de Qumran" découverts au bord de la Mer Morte, est une hypothèse qui n'est "pas encore acceptée par tous" déclare Benoît XVI, qui ajoute qu'elle est la plus "probable" pour expliquer des "contradictions apparentes" entre les différents Evangiles qui racontent la vie du Christ.

Dans l'Evangile de Jean en effet, Jésus meurt sur la croix au moment de la Pâque juive, lorsque les agneaux sont immolés dans le Temple de Jérusalem, alors que, dans les trois autres Evangiles, son dernier repas, "la Cène", avec ses disciples a lieu le soir de la Pâque.

En outre, a souligné encore le Pape, Jésus a célébré la Pâque "sans agneau comme la communauté de Qumran" qui ne sacrifiait pas d'animaux. "Au lieu de l'agneau, il s'est offert lui-même, il a offert sa vie", en reliant ainsi ses paroles à la grande tradition prophétique, que les Esséniens entendaient suivre.

Les manuscrits de Qumran, découverts en 1947 en Cisjordanie, ont été attribués par les historiens et les biblistes aux Esséniens, une secte rigoriste en rupture avec le pouvoir sacerdotal de Jérusalem. Certains même ont avancé que Jésus était lui-même un Essénien, alimentant toute une littérature sur celui que les chrétiens considèrent à la fois homme et Dieu.

Interrogé par la presse, le cardinal Albert Vanhoye, bibliste jésuite et ancien recteur de l'Institut biblique pontifical, a souligné qu'à l'époque de Jésus "le calendrier essénien était plus traditionnel que celui, plus récent, adopté par le sacerdoce de Jérusalem" et donc vraisemblablement largement usité."

En revanche, fait remarquer le cardinal Vanhoye, "si Jésus a pu éprouver de la sympathie pour les Esséniens qui étaient très pieux, il avait une mentalité très différente d'eux car ceux-ci étaient très attachés aux observance des rites, ce qui n'était pas son cas". Il a par ailleurs souligné que l'avis du Pape, qui reprend une hypothèse déjà avancée par certains spécialistes, a été émise dans le cadre de "son magistère ordinaire" et ne relève donc pas de l'infaillibilité pontificale. (information : presse et VIS)

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