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du 15 au 19 avril 2007 (semaine 16)
 
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2007-04-19 - France
C'EST UN GRAND TÉMOIN DU XXème SIÈCLE

Mgr Jean-Pierre Ricard, président de la Conférence  des Evêques de France, a salué la mémoire de René Rémond, décédé le 14 avril. "Il était non seulement un grand universitaire et un historien, mais aussi un grand chrétien et un véritable humaniste".

"Il était capable d’analyser avec hauteur de vue les questions de société", a déclaré le président de la Conférence des Evêques de France. "Il avait une grande ouverture d’esprit, une foi profonde et un attachement réel à l’Eglise"

Il est vrai que
René Rémond est l'un des plus grands témoins du XXe siècle et le plus avisé de tous les observateurs de la vie politique française.

Intellectuel catholique, très engagé dans sa foi, d'un abord réservé mais franc, René Rémond s'est dépensé sans compter pour ses concitoyens. Il a participé à la commission de réflexion instituée par le gouvernement, sous la présidence de Bernard Stasi, pour préparer la loi sur le voile islamique. Il a présidé dans les dernières années de sa vie une mission relative au patrimoine et n'a jamais cessé d'intervenir, tant dans l'enseignement que dans les médias, sur les aspects politiques et spirituels de l'actualité.

En 1998, René Rémond publie Religion et société en Europe (Seuil), un essai instructif sur la sécularisation des sociétés européennes aux XIXe et XXe siècles, au coeur de ses propres préoccupations.

La sécularisation, il est vrai, n'est pas une idée neuve en Europe ! «Dès Philippe le Bel, l'État s'était affranchi de la tutelle cléricale», rappelle-t-il. En Allemagne, le mouvement remonte à la Querelle des Investitures et à l'affrontement des guelfes et des gibelins... Mais s'agissait-il vraiment de sécularisation au sens actuel ou simplement d'une querelle de préséance entre souverains temporels ? «Les motivations intellectuelles étaient moins décisives que le souci de faire respecter la souveraineté de l'État», écrit l'historien.

René Rémond conclut son essai en faisant le constat qu'aujourd'hui, l'indifférence, et non plus la laïcité militante, est devenue le moteur de la sécularisation. Ainsi, quand le ministère de l'Éducation fixe les dates des vacances scolaires, c'est en toute ingénuité qu'il prend en compte toutes sortes de critères mais ignore les fêtes catholiques. La religion est-elle devenue une affaire strictement privée comme le prédisait Taine et le Décalogue serait-il en voie de privatisation selon le mot d'un pasteur anglican ? Ou la religion sera-t-elle encore une force morale propre à instruire les citoyens dans les choix de société ?

Dans ce même essai très décapant, il insiste sur la liberté individuelle. L'être humain est responsable de ses actes et n'est pas seulement déterminé par ses gènes.

Interrogé en avril 2006 par des journalistes du Figaro sur l'état du christianisme en Europe et la crise des vocations sacerdotales, l'historien, jamais à court d'idées, suggèra : «Je suis convaincu que, si les Églises proposaient des engagements pour un temps limité, elles auraient pléthore de vocations. L'époque n'est plus aux choix irrévocables, d'autant que la durée de la vie s'est allongée». (information : CEF)

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