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du 26 au 29 avril 2007 (semaine 17)
 

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2007-04-29 -
QU'APPELLE-T-ON "LA GRANDE TRADITION" ?


Les évêques, qui se réuniront pour la Vème Conférence générale de l’épiscopat latino-américain ont un défi crucial à relever : celui de conserver "la grande tradition catholique" de ce continent. Certains craignent un retour à la situation passée. A voir !

Ce terme ambigüe est celui employé par le professeur uruguayen Guzman M. Carriquiry Lecour, sous-secrétaire du Conseil pontifical pour les Laïcs, qui l'explique longuement dans un entretien concernant les préparatifs de la Conférence.


Il y
commente les tentatives actuelles de revitalisation des pratiques anciennes liées aux civilisations précolombiennes sur le continent, affirmant que « les grands symboles de l’unité latino-américaine ne sont pas les symboles indigènes, dans la mesure où le continent, avant l’arrivée des espagnols et des portugais, était totalement fragmenté, une ‘tour de Babel’ sans la moindre conscience de son identité ».

« Les vrais symboles sont Notre-Dame de Guadalupe, le Christ Rédempteur des Andes, l’Eglise, comme sacrement d’unité de nos peuples dans la catholicité. L’Evangile incarné dans les peuples est le contenu le plus profond de cette originalité historique et culturelle que nous appelons Amérique latine », souligne-t-il.

Il y
évoque alors la réalité actuelle « d'un vaste mouvement d’indigènes, de paysans appauvris et de migrants poussés vers les grandes métropoles ; des catégories depuis trop longtemps bafouées, exploitées, marginalisées ».

« Les indigènes exigent le respect, la dignité, de pouvoir bénéficier de tous les avantages de l’éducation, du travail, du progrès culturel, d’une authentique promotion humaine, de la solidarité et de la justice envers les plus nécessiteux, d’être vraiment intégrés dans les sociétés nationales et d’être considérés comme des citoyens à part entière qui participent à la construction des nations », a-t-il souligné.

« Mais prétendre faire ressusciter les sorciers, les chamans, les vieilles cosmogonies indigènes, est une chose profondément différente » poursuit le professeur Carriquiry. Il voit en cela « une tentative d’archaïsme arbitraire, davantage fruit d’une manipulation idéologique que d’une vraie réponse aux besoins et aux attentes des communautés indigènes ».

En revanche, le professeur Carriquiry qualifie de « geste très positif » le fait que, pour la première fois, les représentants des épiscopats américain, canadien, espagnol et portugais, qui seront à la conférence générale d’Aparecida, auront droit de parole et droit de vote durant les travaux.

En fait cette "Conférence" a reçu les orientations fondamentales de la pensée du Pape. C'est lui qui en a déterminé le thème, l'a plus d'une fois explicité et a marqué sa volonté d'une conduite collégiale des évêques, et non pas seulement de quelques leaders.

« La Conférence d’Aparecida sera un événement catholique, reconnait Guzman Lecour. En réalité, l’empreinte catholique vient surtout du fait que c’est le pape qui a convoqué la conférence, que c’est lui qui a choisi son thème et qu’il tient à ouvrir personnellement les travaux. Cette conférence sera ‘la conférence de l’épiscopat’, en communion avec le successeur de Pierre, dans un grand souci de collégialité ».

« La question cruciale pour les évêques d’Amérique latine est de conserver et de proposer à nouveau la grande tradition catholique de nos peuples. Cette tradition, ce grand don fait à l’Amérique latine, constitue la grande richesse de ses peuples. Mais elle est envahie et parfois rongée par des modèles culturels dominants qui sont véhiculés par les pouvoirs médiatiques transnationaux, toujours plus hostiles au catholicisme », a constaté l’expert uruguayen.

Concernant la présence toujours plus grande des groupes évangéliques et pentecôtistes sur le continent, le professeur Carriquiry considère que là n’est pas le « défi principal ». C’est « le retour aux origines de la foi qui est essentiel », estime-t-il,  « opérer cette essentialisation dont le cardinal Ratzinger parle dans ses écrits, pour ne pas se laisser prendre par les questions secondaires ».

Il estime à ce propos que « la première chose à faire est de se regarder soi-même, chez nous, et de voir si oui ou non et dans quelle mesure, l’avènement de la présence du Christ continue de nous surprendre ; de jouer un rôle décisif dans nos vies : la vie des personnes, des familles, des communautés et des nations ».

Parmi les « signes de mort » présents sur le continent latino-américain, le sous-secrétaire du Conseil pontifical pour les Laïcs a cité la faim, les maladies, la misère, le trafic de stupéfiants, « la violence d’une politique sans règles, la violence de la guérilla, du terrorisme et de ses méthodes ».

« Le continent connaît une croissance économique, et on lui reconnaît parfois de grandes performances, mais la lutte contre la pauvreté et le scandale des énormes disparités ne sont pas affrontées de manière adaptée. Dans les grandes villes, l’insécurité et la délinquance sont à l’ordre du jour. On assiste également à la diffusion d’une ‘culture globale’, et à d’intenses pressions visant à faire passer et à banaliser des crimes abominables comme la pratique de l’avortement, la proposition de l’euthanasie et les manipulations génétiques », a-t-il ajouté.

« Nos démocraties, grâce à Dieu, résistent, mais les dérives autocratiques auxquelles nous assistons risquent aujourd’hui d’étouffer peu à peu ces libertés démocratiques reconquises, après tant de souffrances et de sacrifices, et au prix même de la vie humaine, dans les années quatre-vingts... Pour le moment, les contours ne sont pas encore définis. Il est important que la conférence parvienne vraiment à toucher le cœur des latino-américains ; qu’elle parvienne à susciter une grande mobilisation spirituelle et missionnaire », conclut-il dans la revue : "In consulente Re" (N° 3/2007). (source : SIR)

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